Les 3 A des communautés de pratique

Une série de rencontres de plusieurs communautés de pratique m’a fait réfléchir sur le succès de ces groupes. En fait… le succès et l’échec.

Je reprends une partie d’un texte écrit il y a quelques années.

 

Toutes communautés de pratique se fondent sur 3 axes :

  • L’axe social (l’engagement).
  • L’axe intellectuel (l’apprentissage).
  • L’axe de la performance (les résultats).

Une communauté de pratique qui fonctionne devra se doter de mécanismes pour assurer que les 3 axes sont couverts et ainsi garantir un pivot solide pour que le levier du capital social fasse son œuvre. Des efforts seront nécessaires pour organiser la communauté de pratique et en faire un succès.

 

Des efforts ?

Le premier écueil au succès est visible dès les premiers pas de la communauté de pratique. Des efforts seront nécessaires pour organiser le groupe, assurer un équilibre entre les 3 axes et faire le suivi. Trop souvent, la bonne volonté de faire vivre la communauté de pratique est ensevelie par les tourments quotidiens qui nous affligent, les dates de tombée agressives, les courriels trop nombreux et…

POUF…
La rencontre, la communauté de pratique tombe progressivement et inexorablement vers l’échec.

 

Mais il y a de l’espoir !

Si on prend un pas de recul, on peut en extraire quelques éléments clés pour mieux réussir l’organisation de rencontres de communautés de pratique. En s’appuyant sur les 3 axes de base, on peut identifier des pistes de résolution.

 

L’Axe social : l’engagement des membres

Une rencontre de communauté de pratique DOIT permettre l’échange entre les membres. Une activité trop courte aura pour effet de pressuriser les membres et de limiter les interactions. Un évènement dont l’agenda est trop chargé aura le même effet.

Je déteste d’ailleurs les 5-à-7 ! Je me sens constamment déchiré entre la petite famille (qui grandit à vue d’œil et qui quittera le nid familial un jour) et les occasions d’affaires qui semblent si volages. Les 5-à-7 sont donc une source de frustration. Et si je me fie au nombre de personnes qui partent précipitamment à 19:00 ou 20:00, je ne suis pas le seul ! Attirer les gens avec un conférencier de renom vous garantira une assistance stable… jusqu’aux applaudissements ! Ensuite, c’est Houdini qui prend le dessus. Disparition dans un nuage de fumée… Les verres à café restent même sur les tables, tournant un temps sur leur base !

Trop courts et trop tard !

Engagement social ? Pourquoi ne pas organiser une rencontre pendant les heures normales. Ceux qui se présentent sont nécessairement plus engagés. Une décision est prise. Mon réseautage vaut le déplacement et l’investissement de temps. Et la vie familiale n’en est pas affectée.

Question de priorités. Le réseautage d’affaires est une affaire professionnelle. La vie personnelle est une autre affaire. Sachons faire la part des choses.

 

Le réseautage maintenant.

Planifier un repas qui nécessite un défi d’équilibriste est également à proscrire. La coupe de vin dans une main, l’assiette dans l’autre et la fourchette… euh… un instant, je dépose ma coupe… une petite bouchée avec la main libre et hop ! une main à serrer… un instant… je m’essuie la main et je vous reviens. Enchanté et affamé !

Évitez les sauces !

Laissez le temps à vos invités de manger.
Laissez à vos membres le temps de se parler… après le repas !

Mieux, planifiez des activités de reconnaissance et d’échange. Le réseautage est spontané chez moins de 5% des gens. Ces derniers sont passés maîtres dans l’art d’entreprendre une conversation, d’échanger une carte d’affaires et de faire un suivi focalisé le lendemain. Pour tous les autres, on oublie la plupart du temps d’apporter ses cartes professionnelles, de les échanger et de prendre de courtes notes discrètes au verso. Et on oublie le nom des autres participants en moins de temps qu’il n’en faut à une libellule pour s’écraser à vive allure sur votre pare-brise !

 

Petit devoir…

Lors de votre prochaine réunion de communauté de pratique, que vous soyez un participant ou un organisateur, surveillez les choses suivantes :
A- Avez-vous le temps de rencontrer les nouveaux membres ?
B- Vous donne-t-on l’occasion de faire connaissance de manière plus active avec les participants ?
C- Avez-vous le temps de manger sans vous faire bousculer ?

 

L’Axe intellectuel : l’apprentissage

Une rencontre de communauté de pratique n’est pas une formation… mais on y apprend beaucoup ! On apprend avec et par les autres et non seulement par la présentation d’un expert devant la foule. L’apprentissage social a d’ailleurs la cote depuis quelques années. Que ce soit le modèle de Charles Jennings du 70-20-10 , les excellents articles de Julian Stodd et de Harold Jarche, il est maintenant clair que Philippe Carré avait raison :

“On apprend toujours seul, mais jamais sans les autres” !

 

Il ne faut cependant pas imaginer que l’apprentissage arrive spontanément tout au long de la rencontre ! La planification des moments d’apprentissage, de réflexion personnelle et d’intégration, et de partage est un art ! Que dis-je un Art !

Le matériel didactique fait aussi partie de la planification. J’ai tendance à éliminer les photocopies de présentation au profit d’un petit journal de bord et, signe des temps, de Twitter. En effet, Pierre Lévy, gourou de l’intelligence collective, écrivait récemment sur l’utilisation de Twitter pour créer un cahier de note collectif.

Quelle merveilleuse idée !

Une découverte récente qui va dans le même ordre d’idée : slido.com ! Quoi de mieux en effet que de poser des questions pour trouver des réponses et stimuler la réflexion ? slido.com permet de poser des questions en direct et de façon anonyme. Fini le temps où poser une question nous faisait passer pour des ignares ! De plus, les participants peuvent voter (like) pour les questions qu’ils jugent les plus pertinentes… Finies les questions qui répondent à une seule personne en monopolisant toute l’attention et le temps du formateur !

On apprend donc beaucoup lors d’une rencontre de communauté de pratique mais pas de la façon traditionnelle !

 

L’axe de la performance : les résultats

Le meilleur investissement de votre vie est, dans certains cas, celui que vous ne ferez pas ! Quelle incroyable opportunité en effet de réaliser que la solution que vous envisagiez ne fonctionne pas… tant que vous l’apprenez avant de commencer l’implantation ! Combien de professeurs du Québec auraient aimé savoir que la réforme ne fonctionne pas avant que notre génial ministère de l’Éducation ne la force envers et contre tous ? Il suffisait de poser la question aux profs du Nord de l’Europe où les tentatives furent couronnées d’échecs pour le savoir !

Que s’est-il passé ?

On a oublié de partager !

 

C’est ici la plus grande valeur d’une communauté de pratique :
l’accès aux résultats des autres, les succès comme les échecs !

 

Ce dernier aspect n’est possible que si l’axe social et l’axe d’apprentissage ont été pleinement réalisés. Les 3 axes sont d’ailleurs intimement liés.

On apprend mieux entre amis.
On se fait des meilleurs amis en partageant et en échangeant nos meilleures pratiques.
On apprend davantage quand on peut aisément se confier entre amis.
On implante plus facilement si on évite les écueils que les amis ont déjà évités ou rencontrés !

 

Les 3 axes se résument ainsi : les 3 A des communautés de pratique.

Apprentissage.

Appartenance.

et Application.

Ah oui, les participants de mes communautés de pratique ajoutent aussi un 4ème A… l’Amour !  Bon… ne tombons pas dans le mélodramatique… mais… il faut avouer que de voir les gens se faire de sincères câlins en se revoyant… il y a plus qu’une graine de vérité dans ce 4ème A.

 

 



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