Gérer le contexte et non le texte con.

Non, pas un mauvais jeu de mots.

Je suis abonné à l’excellent magazine de l’ASQ. Chaque mois l’ASQ et ses contributeurs nous ouvrent les yeux sur des sujets intéressants et d’actualité.

Chaque mois je me sens un peu plus intelligent… après m’être senti un peu idiot. Après tout, c’est le but des ces magazines : informer, éduquer, développer, améliorer.

Mais… et c’est un gros, mais..

MAIS à l’occasion je me demande si vraiment certaines personnes sont surprises autant que moi et pour les mêmes raisons à la lecture d’articles présentés comme des moments d’illumination dans une mer d’opacité corporative.

Ah ça, comme paragraphe opaque, c’était champion!

Je m’explique.

Dans un récent numéro de Quality Progress un des auteurs conclut qu’une certification ISO9001 n’est pas suffisante pour soutenir une organisation.

Dûh!

Hello? Y a -t-il un cerveau dans ce crâne?

Nous avons tous vu ces compagnies affichant fièrement leur bannière de certification ISO, HACCP ou autre qui aboutissent en première page du journal local à deux reprises : la première fois pour la mise en place de la bannière et la deuxième fois pour un scandale de qualité. Plus discrètement, on retire la bannière et on se demande comment est-ce possible ?

Pour avoir vécu dans quelques usines…

Pour avoir côtoyé des personnes remplies de bonne volonté..

Pour avoir discuté avec des gestionnaires efficaces…

J’ai aussi vu l’inverse.

Souvent.

Trop souvent.

Des organisations qui veulent avoir la certification pour impressionner leurs clients OU qui se sentent obligés par leurs clients de faire « ce qu’il faut » pour avoir la certification.

Et ils réussissent à être certifiés à grands coups de procédures, de processus, de documents et formulaires de toutes sortes… et de grands coups de pinceau.

Tout le monde sait qu’une usine sent la peinture pendant une inspection…

Et, comme mentionné dans l’article, ça ne suffit pas.

J’ai fréquemment cette discussion avec des clients : les efforts pour la certification sont grands, mais ceux requis pour conserver le statut le sont encore plus.

En fait, un sage collègue, Michel Fafard, a un jour résumé la situation élégamment : « La conformité n’est pas un projet, c’est un statut! »

Et voilà.

Et tout l’Art de conserver ce statut passe par la conscience du contexte.

Dave Snowden explique dans son modèle Cynefin que la complexité ne se planifie pas. Elle s’appréhende d’abord, se met en contexte et ceci nous permet d’agir, basé sur notre expérience passée, au mieux de notre connaissance et de notre compréhension du contexte.

Très différent de situation compliquée où presque tout peut se régler par une procédure (elle aussi compliquée!).

Harold Jarche explique l’évolution de l’intelligence par trois concepts, tous inter-reliés : le passage des règles à l’intuition, celui du travail isolé vers le réseau connecté, et l’Action consciente vers celle, plus subtile, inconsciente ou subconsciente.

Bref, passer à la gestion du contexte et non du texte con.

La gestion du contexte implique une plus grande expertise, une réflexion plus profonde, une compréhension plus complète de la situation. Ceci, requiert de prendre conscience de la situation en y trempant les pieds. Donc, on ne parle plus de gestion à partir du bureau, isolé et entouré des règles à suivre.

Au contraire, ceci implique d’être au milieu de l’action, ou d’avoir des acteurs au milieu de l’action qui, eux, communique entre eux de manière fluide et naturelle pour ensuite agir en toute confiance et décider de la meilleure action possible, ici, maintenant.

Elon Musk a écrit à ses employés en août 2017

Il a réitéré sa confiance en eux en leur confirmant qu’ils pouvaient, qu’ils devaient décider ce qui était le mieux, sur place, là, maintenant, sans toujours demander une autorisation,

Le rôle du gestionnaire est en profonde transformation.

Taylor a divisé le monde du travail en 1911 : y a ceux qui pensent et y a ceux qui poussent.

100 ans plus tard, bien peu de choses ont changé.

En fait, c’est faux.

Le web a TOUT changé.

L’information est maintenant disponible, plus que jamais. Il nous faut maintenant filtrer cette information et distinguer le bon grain de l’ivraie. Il nous faut utiliser ce superbe outil de gestion de la complexité qu’est le cerveau.

Les procédures, normes et règles de toute sorte sont essentielles pour la gestion de la conformité.

Mais quand le contexte change, et il change plus rapidement que les procédures, il nous faut maintenant gérer ce contexte et la complexité qui l’entoure.

Il nous faut gérer le contexte et non le texte con de la procédure qui tente de tout couvrir, de tout régler.

Fort heureusement, l’humain est superbement équipé pour cela!

Nous sommes ici les fiers héritiers de notre nature !

J’essaie de tout ramener à la biologie, la science de la vie. La vie fonctionne en système. LA grande complexité de la vie ne peut se comprendre qu’en prenant du recul pour nous faire voir toute la forêt et non rester le nez collé sur l’arbre.

L’unité de base d’un être vivant complexe est la cellule, elle même d’une grande complexité. La cellule ne peut survivre si elle adopte des « comportements » rigides. La cellule réagit rapidement à tout changement dans son environnement. Trop de sel ? La balance électrolytique s’ajuste en faisant gonfler la cellule pour atténuer cet ajout de sel. De nouveaux signaux extra cellulaires ? Une cascade de réaction biochimique s’amorcent jusqu’à lancer la synthèse de nouvelles protéines une fois la chromatine déliée pour permettre l’accès au code génétique.

Gérer le contexte et non le texte con

Crédit de photo : By Royroydeb – Own work, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=37598972

Ces processus sont rapides, fluides, en réponse à l’environnement.
Une mitochondrie, génératrice d’énergie ne refusera jamais, jamais, de produire de l’ATP sous prétexte qu’il est tard ! Le réticulum endoplasmique ne refusera jamais d’acheminer les précieux métabolites requis pour d’autres réactions essentielles sous prétexte que « nous sommes pleins ». Le réseau de lamines connectant la membrane cellulaire au noyau ne cesseront jamais de communiquer…

La cellule est en homéostasie dynamique. Tout en mouvement, assurant la croissance stable de l’organisme sans épuiser ses ressources. La cellule est un tout à l’intérieur d’un tout plus grand. Arthur Koestler en parlait dans « A ghost in the machine », un autre « vieux “ livres des années 60’s. Le principe du Holon. Des responsabilités fractales de toutes les parties du système.

OH, me voilà rendu bien éloigné du propos original…

C’est la vision système. Difficile à exprimer en quelques mots (d’aucuns diront que plus de 1000 mots par semaine ne sont pas ‘quelques’…).

  • Harold Jarche parle d’intuition plutôt que de règles.
  • Yves Lusignan parle de systèmie plutôt que d’analyse
  • Joel de Rosnay parle de vision système
  • Moi je parle de biologie organisationnelle.

On parle tous de la même chose…

Gérer le contexte et non le texte con

 

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