Privilèges et responsabilités!

C’est ce qui m’est passé par la tête en sortant de la clinique de vaccination le 9 mai 2021. J’attendais avec impatience et compréhension la date à laquelle je pourrais profiter du fruit de recherches et de travaux intenses qui ont mené à l’élaboration et la production de ce vaccin.

Ah oui… à cause d’une pandémie.

On dit que le mot crise en chinois est une combinaison de DANGER et Opportunité.

 

Eh bien voilà.

Non seulement le vaccin est disponible depuis décembre 2021, moins d’un an depuis le début officiel de la pandémie, mais en plus, le processus de développement a évolué pour permettre à ce vaccin et aux suivants d’être accessible plus rapidement dans le futur.

Non seulement le vaccin a été développé rapidement, mais la collaboration et la coopération entre les scientifiques du monde entier a aussi évolué!

Non seulement le port du masque nous protègent et protègent les autres, mais, avez-vous remarqué que des mesures sanitaires simples diminuent aussi le risque d’attraper l’influenza? Presque aucun cas au Québec cette année en comparaison avec les années précédentes.

Et si la COVID nous élevait à un niveau de conscience plus élevé?

Privilèges et responsabilités!

C’est tout ce que me passait par la tête et massant mon bras endolori par l’injection intramusculaire .

J’ai immédiatement écrit à un ancien collègue et ami qui a été directement associé à l’élaboration du vaccin chez Pfizer. Pour le remercier, lui et son équipe.

Oh oui… Pfizer a fait une fortune avec ce vaccin. On parle de 32 milliards pour 2021 seulement. Une énorme part de leurs profits récents.

Un vaccin requiert des années d’efforts et des investissements massifs que peu de compagnies, pharmaceutiques ou autres osent risquer. Et dans 70 % des cas, ces investissements ne se rentabilisent pas. Mais pas cette fois-ci!

Et tant mieux!

Lorsqu’une compagnie fait des profits, elle n’hésite pas à investir en recherche.

Pour le bien de TOUS!!

  • Ses actionnaires
  • Ses employés (Pfizer a d’excellentes conditions d’emploi!)
  • Et ses clients… nous tous!

On connaît Pfizer pour sa petite pilule bleue, mais l’érection des nouveaux bâtiments portera certainement davantage sur les usines à vaccins dans les prochaines années.

La production de ces vaccins requiert une expertise unique au niveau de la technologie (vaccin ARNm), mais aussi de la logistique. Aucune compagnie sur la planète n’avait la capacité de produire des milliards de doses en si peu de temps. La chaîne d’approvisionnement d’un tel produit est complexe et les pénuries potentielles doivent être planifiées longtemps à l’avance. L’exemple de mon collègue facilite la compréhension de la situation actuelle : la soupe aux pois.

La soupe aux pois est appréciée par les Québécois. On en mange un peu plus au printemps, pendant le temps des sucres. Imaginons maintenant que la soupe aux pois devient très populaire et que le monde entier en veuille! DEMAIN!

Euh… tout d’abord il faut que les pois trempent dans l’eau une nuit avant la cuisson finale…

Euh… mais il faut aussi beaucoup de pois… et les pois, ça ne pousse pas à l’épicerie.

Faites en poussez plus, vos clients hurleront-ils!

Mais oui… on va en semer davantage… au printemps….Et c’est le printemps quelque part sur la planète… ou dans une serre! On va monopoliser des champs consacrés à la culture de pois… ou autres! On va semer, et… non, on ne pourra pas tirer sur les jeunes pousses pour récolter plus rapidement. La nature exige un certain temps de croissance. La logistique de récolte et de production des pois propres à la fabrication de la soupe prend aussi du temps. Les méthodes d’excellence opérationnelle faciliteront et accéléreront tout le processus, mais…

Il faut quand même semer des pois et les laisser pousser.

Même si le client veut vraiment sa soupe aux pois, les pois eux, ne peuvent que pousser à une vitesse prédéterminée . Il en va de même pour la fabrication de médicaments et de vaccins. Avant de pouvoir produire 16 milliards de doses annuellement des efforts de planification, de logistique et d’optimisation des processus devront être déployés… sont en voie d’être déployés en fait.

La grande leçon pour la prochaine crise est la prévention.

 

Prévention au niveau de la veille

Très triste de voir qu’un des meilleurs organismes de surveillance des pandémies au monde a été démantelé au Canada quelques années avant la pandémie actuelle.

Prévention au niveau des équipements de protection disponibles en tout temps

Assez, mais pas trop (date d’expiration oblige!). Ce qui veut dire avoir des plans d’augmentation de production lorsque requis.

Prévention au niveau du personnel de la santé requis pour gérer une abondance de cas

Donc, revoir la politique (qui se passe de commentaires…) qui a sous-financé le système de santé depuis plus de 20 ans sous divers gouvernements

Prévention au niveau des soins pour nos vieux.

Oui nos vieux! On y passera tous! On avance tous inexorablement vers cet âge vénérable! Et les soins à domiciles sont LA solution. PAS de nouveaux CHSLD. Des équipes volantes de soins à domiciles comme le fait si bien Buurtzorg dans 25 pays!

Finalement

Prévention au niveau de l’éducation

Il est temps de remettre les sciences au programme.

Et de revoir complément le modèle désuet de l’école actuelle, modèle qui n’a à peu près pas changé depuis 200 ans. Pas résolument évoluée, ni dans sa morphologie, mais, beaucoup plus important, ni dans ses paradigmes d’éducation.

Si la pandémie nous a enseigné quelque chose, c’est que ces technologies existaient depuis longtemps, mais la résistance des humains (et des bureaucrates et fonctionnaires) à son utilisation a été le principal frein à son déploiement.

Il faut remettre le désir d’apprendre au centre du système d’éducation.

Pas un cursus fixe.

Pas des manuels qui restent les mêmes pendant une décennie…

Pas une réforme qui s’éternise sur des années…

Mais simplement le désir d’apprendre pour satisfaire la naturelle curiosité de tous.

Ah oui… j’allais oublier de remettre des discussions sur le devoir civique et le sens des responsabilités. Oui, on apprend ça à l’école aussi! Oui, des discussions et non des cours!

 

Oui, je simplifie.

Oui les solutions pour des situations complexes sont la plupart du temps simple, efficace… mais fausses si j’en crois H.L. Mencken!

Je simplifie la situation je ne propose pas de solutions.

Ces solutions devront venir des principaux intéressés et répondront à des besoins locaux et non généralisés ou centralisés.

 

L’éducation est probablement la lacune la plus grande à laquelle nous avons été confrontés depuis un an.

  • Pas assez de connaissances sur les pandémies.
  • Pas assez de connaissances pour mieux prévoir les crises et y accorder l’attention et les budgets nécessaires.
  • Pas assez de connaissances pour comprendre le risque de contamination et les mesures sanitaires
  • Pas assez de connaissances pour comprendre le mode de fonctionnement des vaccins.
  • Pas assez de connaissances pour filtrer les fausses nouvelles des vraies.
  • Pas assez de connaissances pour faire confiance aux experts et scientifiques
  • Pas assez de connaissances pour comprendre les discours souvent biaisés de nos politiciens
  • Pas assez de connaissances pour discerner entre les démagogues, les gurus et les influenceurs des gens bien intentionnés

Pas assez de connaissances pour faire la différence entre

“Droits et libertés” (ou “libârtés!)

Et

Privilèges et responsabilités

Ce vaccin est un privilège. Privilège auquel des milliards de personnes  n’ont pas encore accès.

Ce vaccin est une responsabilité. Et non une liberté de choix. Notre société en dépend. Notre façon de vivre en dépend (on pourrait contester la valeur de ce mode de vie, mais ce n’est pas le point discuté ici). Malheureusement, la population du Québec exige beaucoup au niveau des services sociaux, mais redonne peu au niveau de la solidarité et de la conscience sociale.

Je cite souvent Yves Lusignan qui me disait que nous sommes sur un trajet qui nous mènera progressivement d’une société de Droits et libertés vers une société de privilèges et de responsabilités.

J’y crois. 

Et je me suis fait vacciné avec reconnaissance et conscience de mes obligations sociales.

Privilèges et responsabilités

 

Photo by Kaja Reichardt on Unsplash

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