Système de merde

Oui nous avons un système de merde.

Attention, je ne parle pas des gens qui sont victimes de ce système de merde et qui y travaillent envers et contre tous.

Je parle du Système!

Celui qui est maintenu par des bureaucrates sans âmes et sans contact avec la réalité. Ces mêmes bureaucrates qui semblent d’ailleurs penser à l’autoperpétuation du système  plutôt qu’à sa raison d’être.

Oui, je parle du système de santé québécois.

Ou du système d’éducation de la même province.

D’abord un exemple récent ( 2021, après un an de pandémie )

Une personne que je ne nommerai pas, mais avec qui je communique régulièrement malgré la pandémie me racontait l’anecdote suivante.

Test de routine pour détecter le cancer du côlon. Premier écueil : le nouveau médecin de famille hésitait à faire passer le test malgré l’historique familial.

 Bin oui, vous avez , les médecins doivent suivre un protocole strict pour éviter les abus de test.

Oui madame, oui monsieur…c’est évident que le patient va exiger un test de dépistage de sang occulte …une procédure de prélèvement qui exige de prendre un échantillon de ce qui sort du colon, fraîchement le matin après 12 heures de jeûne. Laissez-moi vous dire que le jeune ne diminue en rien l’impact olfactif d’un prélèvement.

Bin oui, on va abuser de ça…je suis moi-même accroc à cette procédure

Bin oui….

Mais le protocole du ministère de la Santé est clair, strict. Et idiot.

Et les jeunes médecins  qui ont été conditionnés à suivre les règles ne font pas d’exception…même quand ta mère est décédé d’un cancel colorectal. Bin quoi, c’est quoi le rapport ?

Bon, je me calme.

Mon contact a finalement eu le OK pour le test.

Il ne restait qu’à faire l’acquisition du contenant de prélèvement.

Pourquoi faire simple si on peut faire ça compliqué…

Bin non, la clinique n’a pas d’inventaire de tels contenants.

Et hop on va au CSLC pour aller chercher le contenant.

Oui le CLSC , et à des heures bien précises, car il semble que même si tout est ouvert on ne peut pas , absolument pas , remettre à un patient un tel contenant en dehors des heures prescrites…lesquels sont bien ^sur pendant les heures normales de boulot…pas question de passer après le boulot pour aller chercher le foutu contenant de plastique.

Une fois sur place on ne peut simplement demander un contenant…nenni. il faut prendre un numéro, attendre son tour et montrer patte blanche ( carte d’Assurance maladie( et une preuve que vous ne venez pas chercher ce contenant par pur plaisir coprophile ! Imaginez qu’un fou scatologique en fasse une réserve et s’amuse tous les samedis à se contorsionner pour se faire un prélèvement plus tordu d’une semaine à l’autre!

Alors on contrôle : 

Carte de la RAMQ

Prescription du médecin

Aucun moyen d’en avoir un de plus pour un parent à mobilité réduite…il ou elle devra se présenter et montrer patte blanche aussi!!

1 heure plus tard, mon contact est sorti du CLSC avec une envie débordante de …faire un prélèvement. Mais il fallait attendre le jeûne de 12 h. Pas de chance.

Question : 

Pourquoi est-ce impossible d’avoir un inventaire de continent de prélèvement à la clinique ?

Pourquoi est-ce compliqué d’acquérir un tel contenant au CLSC?

Pourquoi , au pire, n’y en a-t-il pas à la pharmacie du coin ( en fait il y en a , si et seulement si  vous prenez un rendez-vous pour une prise de sang ou la remise du prélèvement de selle contre rémunération…mise en contexte : au Québec  presque tous les soins de Sant sont gratuit dans le réseau, mais payant dans le secteur privé)

Combien pourrait bien valoir un tel contenant? 2-3 $ 

Qui préférait payer 2-3 $ plutôt que de dépanner 3-4 litres d’essence et 90 minutes ? Moi le premier…

Mais non pas moyen d’en acheter ( même pour une collection scatologique!)

Je me pose toujours les mêmes questions quand j’utilise le système de santé. Pourrait-on faire mieux?

OUI BIEN SÛR!

Pourquoi ne le fait-on pas ?

Les gens du milieu, les intervenants dans ce système bureaucratique , sont tous et toutes désireux de faire changer les choses. Ce sont les premières victimes de ce système dysfonctionnel qui les empêche de répondre adéquatement à leur vocation d’aide.

  • Bureaucratie
  • Papasserie
  • Lenteur
  • Lourdeur

Qui a besoin d’un tel système ?

J’ai écrit sur le sujet en 2016. 5 ans, la réforme Barette ( tristement ce nom va rester longtemps dans la mémoire collective) et deux ans d’un nouveau gouvernement se disant innovateur.

5 ans plus tard… rien n’a changé dans cette lourdeur et cette imbécillité.

Dave Snowden parle de l’innovation en lui assignant trois composantes essentielles

 

  • La pression pour innover
  • Le désir d’innover
  • Et un changement radical de paradigme

Après un an de pandémie, nous aurions pu imaginer que la pression était assez forte pour changer ce système qui a tellement été mis à l’épreuve, en partie à cause de sa lourdeur et ses structures anachroniques.

Après un an de catastrophe sanitaire, de santé mentale, de retard d’opération, de dysfonctions et de décès inutiles, nous pourrions espérer que le désir de change et d’innover deviendrait criant!

Mais après un an de. Pandémie, force est de constater que malgré la pression et le désir grandissant, le changement radical de paradigme n’a pas eu lieu.

Nous dirigeants, privés et publics, sont encore campés dans leurs modèles mentaux datant du XiX siècle oz la structure organisationnelle est pyramidale et ne reflète pas la réalité.

La société moderne évolue maintenant au rythme de l’Internet et de l’échange d’information bidirectionnelle. Jon Husband en parle sous la forme de Wirearchy

«un flux dynamique bidirectionnel de pouvoir et d’autorité, fondé sur la connaissance, la confiance, la crédibilité et l’accent mis sur les résultats, rendu possible par des personnes et des technologies interconnectées».

On est loin, très loin du processus actuel de prise de décision dans nos institutions.

L’intelligence collective commence à peine à émerger, mais déjà , des solutions novatrices qui ont été implantées ailleurs dans le monde nous parviennent par le truchement binaire des fibres optiques et des satellites.

Harold Jarche vulgarise bien le concept  de TIMN initié par David Ronfeldt à propos du rôle de cette intelligence collective et de la puissance des énormes réseaux d’information et de connexions auquel nous sommes exposés.

Harold met ce concept en contexte des millénariaux qui ont de moins en moins confiance envers les institutions qui les entourent.

L’évolution de nos modes de communication et d’interactions est en lien direct avec l’évolution des technologiques. La presse de Guthenberg à solidifier les institutions, la radio la télévision ont contribué au développement de l’économie de marché et le web permets maintenant une nouvelle d’éditions de nos interactions tout en rendant obsolescentes les institutions traditionnelles et leur structure de l’ère industrielle, fussent-elles religieuses, gouvernementales ou organisationnelles.

Le changement de paradigmes n’est pas pourtant pas à nos portes.

Ou l’est-il? William Gibson a popularisé la citation suivante 


Le futur est déjà là, mais il n’est pas distribué également partout.


Des alternatives existent à cette lourdeur bureaucratique de nos systèmes. Le gros bon sens existe toujours. De bonnes personnes ayant de bonnes raisons de faire de bonnes choses de la bonne façon existent aussi…

Nous n’avons pas à tolérer un système de merde.

Il faut en parler, proposer des solutions, implanter des solutions locales sans demander la permission et peut-être demander pardon…

Peut-être.

Mais j’ai cette petite voix qui me murmure : «allez, vas-y, essaie, ne t’en fais pas… de toute façon un bureaucrate ou un technocrate t’en empêcherait même si tu remplis les 19 formulaires d’approbation… et à ce moment, ton patient sera probablement mort.» Cette petite voix qui a crié depuis le début de la pandémie  Cette petite voix que j’entends maintenant dans tellement de conversations avec des intervenants, des journalistes, des parents de victimes de cette bureaucratie…

Je dis depuis plus de 10 ans, pff, 20 ans, que ça va éclater.

Je suis tellement déçu de voir la résilience de cette bureaucratie qui a passé à travers des scandales pendant la pandémie et qui ne change pas.

J’ai cet espoir fou de voir changer tout ça mais je suis septique…et sceptique!

Et cette petite voix ….

Dans ce système de merde.

 


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