Rappelez-vous la télévision des années 70 (pour ceux qui étaient nés…).

Avant le « câble ».

À l’époque où changer de chaîne nécessitait un effort physique… comme de monter le volume du minuscule haut-parleur mono de la télévision.

La télévision était gratuite.

Oh, bien sûr le choix de chaînes était relativement limité : Radio-Canada en Français (le « 2 ») et en anglais (le « 6 »), le canal 10 — le 4 à Québec si ma mémoire est bonne- (maintenant TVA), et Radio Québec (le « 17 »). Ajoutez à cela le 12 en anglais et, si vous aviez une bonne antenne, le « 3 » de Burlington.

WOW!

La programmation commençait en général à 7 h et se terminait pas trop tard.

Ah oui, il y avait les « 24 h du 10 » une fois par année. Que j’étais jaloux de mes copains qui pouvaient écouter la télé toute la nuit pour voir les films de Frankenstein et Dracula à 3 h!!!

Bon.

Tout ça était gratuit.

Choix limité, mais gratuit.

Et le câble est arrivé.

Littéralement d’ailleurs, car la première version du câble arrivait avec un… câble. Le fameux Jerorld! Quel plaisir de changer les postes en cliquant simplement. Et croyez-moi, à cette époque le « clic » n’était pas pas seulement une action du doigt, mais décrivait également un son.. et pas discret!! Impossible de changer de poste le matin ou la nuit sans que nos parents ne nous entendent!

Ah oui, avec le câble, une facture est aussi arrivée.

Mais qui pouvait se plaindre de payer pour avoir accès à des dizaines de chaînes!!

On payait pour du contenu!! Et des chaînes américaines 24 h sur 24!

Quand on compare le prix mensuel de notre consommation de contenu, on peut se morfondre et être nostalgique de cette gratuité.

À l’inverse aujourd’hui, pour 200 $/mois (télévision, internet et forfait pour 1cellulaire) nous avons accès au monde entier, 24 h sur 24.

En fait , tellement de contenu que le temps nous manque. On peut même se demander si nous survivrons à cette abondance (référence de mon article précédent).

Il serait erroné de penser que ce qui passait pour de la gratuité n’avait pas un prix cependant.

Il serait aussi erroné de penser que la gratuité actuelle du contenu internet et du streaming de la musique n’a également pas un prix.

La gratuité des premières décennies de la télévision passait par une censure sévère du contenu. Nous n’en étions pas conscients. En fait , grâce à l’avènement d’internet en 1995 et jusqu’à tout récemment des « fake news », peu de gens mettaient en doute ce qu’ils lisaient sur le web. L’abondance de contenu, l’absence d’intégrité journalistique et la possibilité pour tout un chacun de publier rendent l’information douteuse, voire frauduleuse.

D’un côté la gratuité de l’ancienne TV et une censure des grands médias en ont fait un outil de propagande… les mass-medias… un contenu contrôlé pour la masse.

  • Les images du Vietnam ont édulcoré bien des discussions… les films récents en font un autre portrait.
  • Les images des tours du WTC et du 9/11 montrés en boucle et le nom des terroristes diffusés quelques minutes après la tragédie… alors que des centaines de témoignages et de films amateurs montrent… autre chose.
  • Le printemps arabe… vu pas les images de cellulaire contredisant les médias « officiels »

D’un côté, la TV gratuite, limitée et censurée des années 50-70

De l’autre, le contenu gratuit du web et une absence de filtre ou d’opinion professionnelle

D’un côté un contenu censuré bourré de publicités, mais créé par des professionnels…

De l’autre un contenu libre créé par des amateurs bénévoles qui espèrent en faire une carrière (ou au moins un revenu!)

D’un côté, la gratuité et un lourd prix au niveau de la liberté d’opinion

D’un autre, la gratuité et un lourd fardeau cognitif pour essayer de comprendre ce qui nous entoure

On dit parfois que « Ignorance is bliss »

Ça me rappelle les premières lignes de ce livre bien connu : « Tu peux manger de tous les arbres du jardin ; mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras certainement. »

Ne mange pas de l’arbre de la connaissance… ah, que nos dirigeants ont compris cette partie !

À voir la quantité d’ineptie maintenant disponible « gratuitement » sur le web on peut se demander si la gratuité du web n’est pas un prix trop grand à payer.

On peut se demander si la concept de la « foi » qui demande de croire sans voir, de croire sans poser de question n’a pas, après tout, un peu de bon sens.

NON!

NON!

et encore NON!

Comme tout adolescent qui quitte la maison familiale et qui refuse les conseils de ses parents pour ensuite réaliser que la vie fait toujours passer l’examen avant de donner la leçon, nous devons comme humain faire ce passage obligé : prendre conscience d’abord, faire des liens, filtrer ensuite, faire du sens, extraire le message, interpréter le message et finalement contribuer au fil de pensée en créant du nouveau contenu.

OUF!!

On est loin, très loin de la télé de mon enfance.

Mais je ne suis plus un enfant.

J’ai quitté le nid.

J’ai appris à faire mes propres expériences et à en tirer des leçons.

Je l’ai fait.

Comme tous les humains depuis la nuit des temps.

La prochaine étape de notre évolution passe par cette prise de conscience individuelle et sociale, par l’échange d’idées rendu facile grâce à ce fabuleux outil qu’est internet.

Et par la discussion, les conversations virtuelles et en face à face, l’élimination des dogmes et paradigmes mentaux, l’ouverture d’esprit…

On est loin, très loin de la télé de mon enfance.

Et c’est tant mieux.

 

Crédits photos : Ajeet Mestry (première photo) et Dawid Zawila (photo de l’article) sur Unsplash

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