Blackberrite, cellulite et autres bébittes!

Un nouveau cellulaire? Non!

Quelle est la dernière bébelle qui vous a frappée? Oui, «frappé»! Comme dans: ouch!

À cause de certains problèmes technologiques récents, j’ai dû changer mon fournisseur de service internet (ISP). La décision de passer au câble (ou câb!) n’a pas été prise à la légère. Non môssieu! Un tableau Excel fut nécessaire pour envisager les différentes possibilités. Car voyez-vous, plus rien n’est simple aujourd’hui.

Le nombre de décisions que nous prenons quotidiennement à l’aube du XXI siècle correspond au niveau de nos grands-parents… En fait, au nombre de décisions qu’ils devaient prendre en 6 mois! Les choix auxquels nous sommes confrontés chaque jour sont impressionnants! Pensez à tous les choix (un choix est une petite décision, j’en conviens, mais une décision quand même!) que vous faites en continu?:

Quelle confiture choisir parmi les 75 sortes offertes à l’épicerie?

Essence sans plomb régulier ou super, avec additif nettoyant, d’hiver +?

Quel trajet choisir lors des embouteillages?

Partir tout de suite ou attendre la fin de l’heure de pointe pendant les tempêtes?

Accepter le nouveau plan d’interurbain de Bell, Telus, Distributel, 10-11-555?

Choisir les formations obligatoires que votre patron vous laisse «choisir» pour votre plan de développement?

Faire votre rapport d’impôt vous même ou en utilisant les services du comptable? Avec ou sans logiciel?

Contribuer au REER tout de suite ou l’an prochain? Chaque mois ou à la fin de l’année?

L’admission de votre ado au collège… On lui achète une auto ou une passe mensuelle?

On lui en parle tout de suite ou on attend les résultats de dépistage des MTS??

On se laisse envahir par le chum ou la blonde ou on leur parle de contributions à la vie de famille et à l’intimité qui est habituellement associée à notre havre de paix?

Et le cellulaire gratuit avec le nouveau forfait? On le change ou on garde notre vieux?

RHAAAÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂ!

Changer de cellulaire était un événement excitant il y a à peine 3 ans. Avec les nouveaux modèles qui inondent le marché chaque trimestre (sans parler du iPhone… Ah, le iPhone!) et les compagnies qui nous sollicitent pour changer et améliorer notre plan de communication, utiliser un cellulaire est presque un défi intellectuel (Ok, Ok, c’est un défi intellectuel!). Ces appareils ont tellement de nouvelles fonctions que je m’attends à ce qu’ils préparent le café dans 3 ans… Grâce à la nouvelle puce wi-fi 811n «long range fully integrated remote-ability»…

Au risque de me répéter…

RHAAAÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂ!

Gestion du stress? Du technostress! Tu parles!

Peut-on refuser tout ça? Oui. Définitivement.

On nous impose parfois un cellulaire, une pagette ou un Blackberry. On nous suggère même de laisser ces superbes instruments en fonction tout le temps… Est-ce vraiment nécessaire? J’ai traité précédemment des dangers de surcharge lorsqu’on omet de prendre une pause régulièrement. Qu’en est-il de votre disponibilité virtuelle?

Le fait d’être en contact, d’être disponible partout et en tout temps nous taxe de façon insidieuse et pernicieuse. Qui n’a jamais vu de vacanciers accrochés à leur cellulaire à la plage ou au zoo? Avec l’avènement des écouteurs BlueTooth sans fil, on voit de plus en plus de gens parler aux éléphants, aux phoques ou aux urinoirs! Je me souviens d’avoir été surpris lors de mon arrivée en ville, il y a 20 ans, de voir déambuler des individus au pardessus douteux qui se parlait ou semblait en intense conversation avec un interlocuteur invisible. Ils parlaient et leur répondaient! Aujourd’hui, je rencontre des individus douteux au pardessus très propre faire le même genre de gestuels, avec un look d’intense concentration, marcher tout seul sur les trottoirs d’un bon pas ou encore dans leur véhicule. Les fous d’autrefois sont maintenant partout! Car nous devenons fous!

Reprenez votre souffle et analysez vos comportements ces jours-ci. Comparez-vous avec vous-même en 1995. Comparez le style de vie avant et après cellulaire. Vous pouviez aller magasiner et revenir quelques heures plus tard pour demander à votre conjoint si vous devriez acheter tel ou tel accessoire. Et retourner, quelques jours plus tard pour en faire l’acquisition… peut-être. Ou peut-être pas, l’envie de consommer s’estompant avec le temps. Et aujourd’hui? Un appel, une brève conversation, quelquefois avec grésillements, interruptions et hausse de ton (car on crie tous de temps en temps en parlant au cellulaire!) et hop on achète. Trop souvent.

Transposez la situation dans une réunion. On appelle les absents plutôt que de décider avec objectivité et rationalité. On se dépêche de prendre action, car le prochain meeting risque d’être reporté, de commencer en retard et de ne pas finir (encore!).

On vit dans l’instantané.

Mais bizarrement cet instantané sera peut-être notre salut. Car l’instantané, le vrai, c’est aussi la fin du mouvement, la fin du changement. J’écoutais récemment, par pur intérêt général, une formation DVD sur le calcul différentiel intégral. (Oui, oui, je sais, ma blonde aussi trouve que c’est un peu… capoté!). Dans les premières minutes du DVD, on nous explique le paradoxe de Zeno, un philosophe grec, 500 AD. Voici donc ce qui lui trottait dans la tête:

Si on tire une flèche à travers une salle et si on peut regarder la flèche pendant sa trajectoire, à un moment précis… Est-ce que la flèche bouge? À un moment précis… la flèche ne bouge pas!! Elle est en mouvement, mais elle ne bouge pas! Étonnant!

Et si on poussait l’analogie à l’extrême? Si on essayait, dans notre monde de gratification instantanée (gratification personnelle, professionnelle, sentimentale, etc.) de saisir le moment et de tout arrêter?

Carpe diem! Saisir le jour, le moment. Vivre moment par moment. Savourer l’éternité du moment. Arrêter le mouvement pour mieux le comprendre.

Choisir de ne pas répondre au cellulaire (ou à l’appel en attente!) pour mieux finir la conversation qui est en cours.

Finir le projet 12 avant de commencer le 13.

Écouter notre ado, simplement écouter, plutôt que de penser à tout ce qu’il n’a pas fait (son lit, son ménage, etc.).

Prendre le temps de planifier sa semaine prochaine plutôt que de chercher à finir celle-ci à 19:00 chaque soir…

Prendre le temps de comprendre ses choix de placements et de REER plutôt que de se projeter tête baissée à la banque le 27 février… à chaque année!

Prendre le temps de voir le temps passer.

Choisir, un choix à la fois.

Ah oui, à propos du nouveau cellulaire, de nouveau plan d’interurbain et du câble… N’oubliez pas de lire les 453 pages des livres d’instruction… Ou encore, demandez à votre ado de pitonner à l’aveuglette jusqu’à satisfaction ou tendinite de pouce… Tout en «oubliant» de faire son lit!

Citation de la semaine

“The ability to simplify means to eliminate the unnecessary so that the necessary may speak.”   Hans Hofmann?: Peintre expressionniste abstrait

Par François Lavallée M. Sc.

 

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