La fois où j’ai eu la lucidité de simplement accepter un compliment.
La lucidité… et non l’humilité.
Cette fois-là est gravée dans mon esprit. Il arrive de ces moments où tout est clair et la seule chose à faire est d’accepter la réalité. Sans compromis. Sans excuses factices. Simplement dire « oui » à ce que la vie nous offre.
Je ne me rappelle plus de la date exacte, bizarrement. Mais les circonstances, elles, sont claires. Ça s’est passé en juin 2005 à la fin d’une intervention devant une centaine de collègues chez mon employeur de l’époque. Une intervention dynamique bien structurée, bien animée par Yurz Troolie (hey, je l’ai mentionné plus haut, pas de fausse humilité !) et grâce à une foule enthousiaste, plein d’énergie. Mon ancienne patronne avec qui j’ai eu plusieurs discussions, hmm, disons houleuses, assistait à cette intervention. Elle vint me voir à la fin, les yeux brillants et pétillants. En me regardant droit dans les yeux, elle me dit : « François, tu es vraiment bon ! »
En un flash d’hyperconscience, j’ai répondu : oui, merci.
C’est tout.
C’est tout… pour l’anecdote ! Mais je ne vous laisse pas aller tout de suite, ce serait briser ma propension à écrire de longs textes… allez, vous me connaissez mieux que ça ! 🙂
Cette anecdote, bien que très courte, est révélatrice et a semé une graine qui germa tout l’été et qui a soudainement fleuri 2 mois plus tard lorsque le téléphone sonna. Une collègue gestionnaire de formation avec qui j’interagissais lors des rencontres d’une association de formateurs m’appela pour me demander si je connaissais quelqu’un qui pourrait l’aider à livrer une formation sur les bonnes pratiques de fabrication pharmaceutique, un domaine que je connaissais bien. Et soudainement, sans crier gare, cette fleur qui éclot… » et si c’était moi qui donnais cette formation, m’engagerais-tu ? »
Le 22 septembre 2005 naissait Aliter Concept®.
Accepter un compliment sincèrement, avec lucidité et humilité, n’est pas habituel ou même normal chez la plupart des gens.
On a été éduqué à faire de son mieux, à ne pas recevoir de compliments, mais surtout des corrections ou commentaires neutres ou négatifs. Certains diront qu’une génération entière d’enfants rois aurait peut-être dû vivre à ces moments de l’histoire. Pour ma part, je suis de la génération X. À part quelques commentaires peu effusifs pendant les évaluations annuelles de performance et une augmentation anémique qui en découlait, on ne recevait pas souvent de compliments.
On a aussi beaucoup appris à esquiver les émotions qui viennent avec les compliments :
- « Oh, ce n’est rien, je faisais simplement mon boulot ! »
- « Merci, mais tu sais, c’est un travail d’équipe… »
- « … je ne sais pas quoi dire… merci ? »
Ou encore, cette sensation de retourner le compliment instantanément ! On vous dit que vous êtes élégant ce soir…
- « Merci. Ta robe est vraiment super aussi »
- On vous complimente sur votre sourire éclatant…
- Tu sembles super en forme toi aussi !
Mais pourquoi ne dit-on pas simplement « merci » ? Juste « merci ». Et passer au prochain appel…
En ce jour de juin 2005, j’ai simplement accepté. Le compliment de mon ancienne patronne. Elle était sincère. Les gens avaient apprécié. Je sentais que j’avais fait la bonne chose, de la bonne façon, au bon moment. Pourquoi aurais-je refusé de l’accepter ?
Plus important encore, je me suis demandé pourquoi je ne pourrais pas revivre un tel moment plus souvent. L’environnement dans lequel j’évoluais à cette époque avait changé en 7 ans. D’abord stimulant, ensuite excitant pendant quelques années pour se transformer en une prison bureaucratique remplie de jeux de pouvoir et de politique, et, finalement, après un quasi-épuisement professionnel, je décidai de simplement faire ce qui devait être fait… je redevenais un intrapreneur. J’évoluais seul, sans équipe, sans budget, à l’intérieur d’une entreprise dont le chiffre d’affaires frôlait les 50 milliards, dans une usine menacée de fermeture ou de vente.
Le compliment de mon ancienne patronne et la prise de conscience soudaine que j’ai eue m’ont fait comprendre que le cocon devait s’ouvrir pour que la chrysalide puisse s’envoler.
Le coup de téléphone de ma collègue a simplement été l’élément déclenché pour l’ouverture du cocon, pour l’épanouissement de la fleur qui fut semée en juin 2005.
Le 22 septembre 2005 naissait Aliter Concept®.
En fait, c’est la date de l’incorporation de ma compagnie. Le comptable que j’avais choisi à l’époque doutait un peu du genre de revenus que je pourrais générer chaque année. Et comme tout entrepreneur un peu fou, ou hypomaniaque selon certains auteurs, j’étais convaincu que ça marcherait cette histoire d’Aliter Concept® !
Et ça a marché !
Après 20 ans en affaires, je ne peux que conclure que ça a marché.
Mais en toute humilité cette fois, c’est vraiment aussi grâce à vous, lecteurs et clients que cette aventure a pu survivre !
Je me suis lancé en 2005, une période qualifiée par des collègues entrepreneurs de l’époque comme un creux de vague pour les entreprises en formation. Eh bin…je ne connaissais rien d’autre et, comme le disait Mark Twain :
« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait »
Le prochain creux, la crise économique des subprimes a été ressenti à partir de 2012 pour moi et a duré presque deux ans. La relève a pris la forme d’un mastermind, un petit de groupe de collègues et partenaires en affaires qui se rencontrent 5-6 fois apr années pour parler de business de façon authentique. Les discussions au sein de ce groupe ont permis à Aliter Concept® de se relever et d’entamer une deuxième décennie d’entreprenariat !
La COVID a frappé le monde entier en 2020. Bizarrement, j’en ai profité pour redéfinir mes interventions en mode virtuel et boy, oh boy, que la période 2020-2022 a été occupée ! Des centaines d’interventions virtuelles qui m’ont laissé excité… et vidé ! Le choc post-traumatique lié à la COVID a ensuite touché plusieurs de mes clients, qui, après avoir tout fait pour conserver leurs employés pendant la pandémie, ont resserré les cordons de la bourse au niveau des budgets de formation et de développement personnel… tout en insistant pour un retour au bureau !
La fin du télétravail était annoncée malgré les centaines de preuves à l’effet que la productivité n’était pas affectée, que les gens étaient en général plus heureux et que la rétention des employés s’en trouvait amélioré…
Avec la fin du télétravail, la fin des interventions virtuelles et le retour en force des interventions en « présentiel » (les néologismes ont la cote !) avec ce qui restait des budgets…
Je célèbre donc les 20 ans d’Aliter Concept® cet automne.
Tout en songeant à la retraire, je déménage dans un nouveau local et je fais du ménage. Des livres, des accessoires de formation (objets divers, jeux) et autres choses seront en exposition pour vendre et donner pendant toute l’année de célébration…
Les 20 ans de Aliter Concept® seront une transition à un autre égard également.
En lisant l’excellent blogue de Marie Dollé j’ai réalisé que ma raison d’être depuis plus de 20 ans (bin oui, depuis 1996, en fait) dépassait les objectifs d’apprentissage traditionnel que tout bon formateur énonce au début de ses formations. Dans un article publié en 2025, Marie Dollé parle de sa rencontre avec une collègue. Les deux femmes se demandent ce qui sera enseigné à la génération qui sera éduquée avec des outils « intelligence artificielle ». Ces gens qui auront au bout des doigts des réponses toutes digérées par les assistants IA et qui s’attendent à recevoir ces réponses TOUT DE SUITE ! Finie la lecture de livre de 400 pages. Terminé les recherches sur Google, la compilation des résultats sur plusieurs pages… Avec un « prompt », tout est fait en quelques secondes. Les premières lignes vous donnent une réponse, succincte, précise, mais parfois fausse.
La discussion de Marie avec sa collègue Carla de Préval m’a fourni une réponse éloquente et brillante qui résume mes interventions. Qu’est-ce qu’on enseignera à cette génération élevée par l’IA ?
« On enseignera ce qui ne se voit pas tout de suite. »
Lumineux !
En cette ère de gratification instantanée, de livraison le lendemain, de service à l’auto et de café en capsule pseudo-recyclable, on sèmera des graines et, comme l’homme qui plantait des arbres de Jean Giono, on se montrera sûr de voir une forêt pousser dans trente ans.
Le 22 septembre 2005 naissait Aliter Concept®.
Le 22 septembre 2025 Aliter Concept® célèbrera 20 ans d’existence.
Je continuerai à semer des graines invisibles.
Merci d’être là et de m’aider à arroser ces graines en attendant qu’elles s’ouvrent et fleurissent.
Lentement, la forêt pousse. Mais pas tout de suite.
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