Le courage d’arrêter

On entend, on lit et on se fait dire de ne pas lâcher chaque fois qu’une épreuve survient.

Winston Churchill est reconnu pour son fameux « Never give up. Never, never give up! »

Et si arrêter prenait plus de courage que de continuer ?

Un autre genre de courage.

Le courage, c’est de passer par-dessus ses peurs et de faire ce qu’il faut faire. Malgré les appréhensions, malgré les craintes, malgré les jugements.

Arrêter, au lieu de continuer, peut en effet nécessiter beaucoup de courage.

En ce 19 août 2025, nous vivons au lendemain d’une rencontre historique entre les dirigeants de l’Europe, le président Zelinsky et le président des États-Unis (prononcer son nom est lui donner trop d’importance, un compliment qu’il ne mérite pas !) pour discuter de la fin de la guerre en Ukraine. Une guerre dont les origines remontent à des dizaines d’années quand les États-Unis ont renié leur promesse à la Russie de ne pas faire prendre d’expansion à l’OTAN à la suite de la chute du mur de Berlin et de la fin de la guerre froide. Une fausse promesse, car l’histoire nous apprend qu’au moment de signer cette entente, les Américains travaillaient déjà à couvert pour intégrer dans l’OTAN les pays en bordure de la Russie pour réussir en 1999 avec la Pologne, la Hongrie et la République Tchèque.

https://www.youtube.com/watch?v=RiK6DijNLGE

Que la crainte de la Russie d’avoir des pays de l’OTAN à ses frontières soit fondée ou non n’est pas la question. On voyait les Américains manipuler encore une fois la géopolitique mondiale comme tous les empires ont fait depuis tant de temps.

L’annexion de la Crimée en 2014 a donc du sens, aux yeux des Russes. L’invasion de l’Ukraine en 2022 aussi. On ne peut que décrier cette guerre et la perte de vies. On devrait aussi pointer du doigt le complexe militaro-industriel qui se frotte les mains et jubile de l’entrée massive de profits quand une nouvelle guerre commence. On devrait surtout parler du rôle des É.-U. dans cette histoire depuis 1989 et non seulement de leur rôle comme « médiateur » dans la résolution du conflit. 

Quel médiateur en effet déroulerait un tapis rouge pour l’agresseur, comme l’a fait honteusement le président des États-Unis le 15 août 2025 ? La glorification d’un agresseur est inacceptable.

Il faut que cette guerre cesse.

Ainsi que celle d’Israël, qui continue d’attaquer et d’affamer la population civile de la bande de Gaza en la prenant en otage et en détruisant systématiquement cette région pour se venger de l’horrible outrage commis par le Hamas en 2023. Le Hamas, et non l’ensemble de la population de Palestine!

Mais ces dirigeants (des deux côtés du conflit) ont-ils le courage nécessaire pour accepter un compromis ? Où sont-ils captifs de leur ego ? Ou de leur équipe, de leur population ou d’une autre forme de pression…

Oh je ne juge pas du haut de mon impartialité auto-proclamée !

Céder des territoires à l’agresseur est impensable pour l’Ukraine.

Reculer derrière les anciennes frontières est impardonnable pour la Russie.

Imaginer un état palestinien est inacceptable pour Israël.

Se faire déloger de leurs terres ancestrales habitées depuis des millénaires pour « créer » une terre d’asile pour les juifs est un outrage pour les Palestiniens.

Alors quoi ?

Si le préambule sur la trahison des Américains envers les Russes nous apprend quelque chose, c’est que l’histoire est toujours plus compliquée et complexe que nous le laissent entrevoir les courts articles de journaux et les microcapsules d’information des médias officiels. C’est en écoutant Jeffrey Sachs dans un long vidéo (beaucoup plus long que celui proposé plus haut) que j’ai commencé à comprendre…

  • … que je ne connais pas l’histoire. Et que je ne suis pas le seul dans cette situation.
  • … que le jeu politique derrière ces guerres, toutes les guerres, cache toujours des perspectives inconnues du public, ce public qui nourrit les canons des conflits.
  • … aussi que le « courage » des soldats au front doit aussi être récompensé par le courage des dirigeants qui doivent prendre les décisions appropriées pour arrêter le conflit.

Et si la solution passait par…

L’acceptation que le monde est injuste 

La réalisation que les intérêts de chaque partie sont valides, mais qu’ils sont incompatibles entre eux.

Le consentement que la solution passe obligatoirement par un compromis, mais que ce dernier est peut-être préférable à la poursuite du conflit

Le courage est contre-naturel. On voit des gens accomplir des exploits qui font frémir le reste de la population. Que ce soit en BMX, au front dans les tranchées, en pleine mer pendant un sauvetage, les gens courageux font des choses qui semblent impossibles, mettent leur vie en danger, dépassent les limites de l’imagination… Affronter la population pour justifier la fin de la guerre en cédant des territoires est contre naturel.  Admettre la défaite partielle aussi. Accepter des contrôles internationaux également. Promettre de ne pas recommencer alors que TOUT nous incite à le faire est presque impossible.

Mais chaque acte de courage véritable semble impossible jusqu’à ce que quelqu’un le fasse, et que cela devienne ensuite la norme.

Le divorce était inacceptable dans nos sociétés opprimées par la religion. Divorcer demandait du courage pour la femme qui avait dû s’occuper de la maison et de la famille et n’avait pu se développer professionnellement. C’était repartir à zéro, moins que zéro, et combattre tous les préjugés de la société qui l’entourait. Quitter un conjoint violent ajoutait une possibilité de représailles qui pouvait mener à un féminicide. 

Mais rester en couple dans ces conditions était-il acceptable ? 

Le courage requis pour cesser la relation est immense ! On n’en parle pas assez !

Dans le même ordre d’idée, quitter un groupe ou une association parce que les valeurs ne sont plus alignées avec les vôtres demande aussi du courage. Il est trop facile de simplement accepter les règles du groupe (et l’omerta!) sans questionner, pour faire partie de la gang ! Le sentiment d’appartenance à un groupe peut nous rendre invincibles et peut nous pousser à faire des choses que nous n’oserions pas accomplir seul. Ce sentiment d’appartenance est à la base des pires atrocités dans l’histoire de l’humanité. Appartenir à une nation, à une religion ou à une secte, à un peloton militaire, à une confrérie secrète, à un groupe de conspirateurs sur les réseaux sociaux ou à un gang de rue procure un sentiment d’appartenance et flatte notre ego ! Certaines personnes endurent des sévices psychologiques et de la manipulation pour continuer à faire partie de la gang !

Gare à ceux qui tentent de sortir ou de dénigrer l’esprit d’équipe ! On le voit aux États-Unis (de plus en plus DésUnis !) depuis que le démon orange est de retour : menace, intimidation, congédiement et remplacement sont monnaie courante autour de ce président inconséquent et dangereux.

Le courage de quitter dignement un groupe peut aussi demander du courage ! Quitter le groupe laisse un stigmate et la personne sera isolée de ceux et celles qui étaient ses « amis » tellement précieux. L’indifférence que cette personne ressentira de la part de son ancienne gang est un puissant boulet psychologique. Un animal domestique qui se sent ignoré par son maître peut rapidement développer des comportements pathologiques. La même chose est observée chez les humains.

Quitter le groupe porte son lot de conséquences ! Rester dans le groupe alors que les valeurs personnelles ne sont plus alignées avec celles de groupe a aussi des conséquences. 

La même chose s’applique lorsqu’un individu décide de quitter un emploi. Peut-être dans une moindre mesure (surtout si un chasseur de têtes a fait miroiter un poste avec des conditions de salaire de travail éblouissantes !) Mais le saut du connu vers l’inconnu demande une certaine dose de courage. Le salaire peut augmenter ainsi que le temps de déplacement. La liberté de faire du télétravail peut être contre-balancée par la charge de travail et la nécessité d’être connecté 24 h par jour ! Bref, chaque départ est accompagné de compromis, connus ou à découvrir!

Le courage d’arrêter une situation qui a dégénéré est un sujet de conversation rarement abordé. L’arrêt s’accompagne de compromis et souvent de stress. Le courage, c’est de vaincre ses peurs et appréhensions pour sauter dans le vide, dans l’inconnu de la nouvelle situation. Alors que la tradition et la pression sociale nous incitent à persister, à persévérer pour atteindre nos objectifs, il est nécessaire à l’occasion d’arrêter et de réfléchir. Que gagne-t-on dans cette situation ? Faire une pause pour poser la question et ne pas recevoir de réponse immédiate est un signe.

Se poser la même question et entrevoir un horizon rempli de possibilités en est un autre.

Se retourner pour laisser tomber les chaînes de l’appartenance au groupe est un compromis.

Se projeter vers l’avenir et concevoir un futur possible, différent et stimulant peut nous aider à vaincre nos peurs et à saisir notre courage d’une main et la clé de la porte à ouvrir de l’autre.

 


 

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