La délégation de corridor!

Hey! T’as une minute?

Combien de fois cette scène vous est-elle arrivée? Vous marchez rapidement vers votre prochain rendez-vous ou réunion et un collègue (pas toujours votre préféré d’ailleurs!) vous interpelle de façon non équivoque. “Hey, s’cuse, je pensais à toi justement. Tu sais le projet X sur lequel nous travaillons tous les deux? Je ne serai pas capable de compléter l’étape Y dans les temps. Peux-tu m’aider?”

“Peux-tu m’aider?”…

Comment résister à cette demande? Comment subir la misère humaine dans toute sa splendeur sans broncher? Comment refuser cette requête, toute justifiée bien sûr, sans sourciller?

Simple.

“Non.” Froidement, stoïquement. Relisez la chronique numéro 3 immédiatement si vous êtes en état de choc.

Un non bien placé, poli et respectueux, vous aidera ici, car vous devez faire face à l’attaque du singe.

Le singe!

Le singe, c’est une responsabilité. Elle repose sur vos épaules comme le singe s’agrippe à deux mains à votre dos. Comme une responsabilité, le singe essaie de fuir et de sauter sur une autre personne. On ressent tous un jour ou l’autre ce besoin irrésistible de donner son singe à un autre. Certains individus en sont devenus des experts!

Vous avez déjà un nom en tête? Normal. Toutes les organisations ont des éleveurs de singes. Ils vous les larguent en deux temps, trois mouvements. Avant même que vous ne le réalisiez, vous avez accepté leurs singes. En groupe à l’occasion! Ces individus ont une propension à vous expliquer leurs problèmes d’organisation et de surcharge de façon à vous faire sentir coupable. Ils sont les maîtres de cette grande tradition judéo-chrétienne d’abnégation et de don de soi… En fait, de don de vous! Ils jouent sur vos cordes sensibles… Et vous tombez dans le piège!

Combien de fois vous êtes-vous dit, après avoir accepté de donner un coup de main, que vous n’auriez pas dû? Combien de fois êtes-vous retourné à votre bureau en pestant contre votre échine trop flexible? Combien de fois vous êtes-vous posé la question fatidique : Comment puis-je faire tout ça?

La solution? Transférez vos singes!

Blague à part, plusieurs personnes en viennent à cette solution comme étant la seule issue possible. Erreur! Ils deviennent ainsi des éleveurs de singes! Devenez plutôt des dompteurs de singes!

Voici donc quelques trucs :

1- Non! À volume élevé, le résultat est un succès garanti. Mais votre réputation risque de prendre un coup dur. Surtout si vous étiez dans un corridor bondé de gens au moment de l’interjection.

2- Non, ce ne sera pas possible. (Pause stratégique pour lui permettre de comprendre les conséquences de votre refus). Je suis débordé également… Bonne chance!

3- Ah? Quel est le problème? Vous lui laissez 1-2 minutes pour vous expliquer. Demandez-lui alors comment il voit la solution. S’il (ou elle!) le sait, continuez en lui disant “Bravo! Je suis content de t’avoir aidé!” Continuez votre chemin. Sans vous retournez (mais vous pouvez rigoler de satisfaction dans votre barbe… Pour ceux qui en ont!)

4- Idem 3 pour le début. La situation ou la solution n’est pas claire? Demandez-lui d’y penser et de vous retrouver à la pause ou à l’heure du lunch pour vous en reparler. Les chances sont fortes pour qu’il ne vous en reparle plus. S’il (ou elle!) revient à la charge au moment qui vous convient (Remarquez que vous avez pris le contrôle de la situation en lui indiquant quand vous seriez disposé à l’écouter davantage… Non mais! C’est fini le temps où on est esclave de son horaire!), vous écoutez attentivement et vous continuez en le félicitant d’avoir trouvé une solution. Si ce n’est pas le cas, aidez-le (ou la!) à en trouver une. Dans les deux cas, vous n’aurez pas accepté de prendre le singe sur votre épaule.

5- Récidive le lendemain? Refaites l’étape 3 ou 4 jusqu’à la fin du projet ou épuisement du sujet (le projet, pas la personne… quoique…).

Le message est clair : N’acceptez pas les singes des autres! Nous avons tous des responsabilités. Nous avons tous des journées pleines. Nous avons également tous le choix de dire “Non”.

La gestion de son temps passe par notre engagement à gérer nos priorités. Une discipline de fer est nécessaire pour respecter nos priorités. Une vision claire est nécessaire pour établir nos priorités, nos valeurs (sujet à venir!). Et dans tout ça, il ne faut pas perdre de vue l’aspect humain. Vous l’aurez compris dans mon propos : Au-delà de l’humour, les principes de base demeurent. Apprenez à vous respecter tout en respectant les autres. Car, une fois vos priorités bien gérées, une fois vos projets complétés, une fois votre to-do list bien cochée, une fois votre in basket vidé… que reste-t-il? 

Les autres!

“Nul homme n’est une île” comme le disait John Donne. Si vous avez dit “non” à tous (et de la mauvaise façon!), vous risquez de vous retrouver seul sur votre île. Et la vie sans in basket risque d’être longue et bien triste! Le maintien des bonnes relations entre individus est un principe fondamental. Et un principe qui vous permettra de mettre en pratique un principe de gestion de temps très sain qui est souvent malheureusement associé au transfert de singe : La délégation! (Un autre sujet à traiter dans les prochains numéros).

Devoir de la semaine

1- Identifiez les éleveurs de singes dans votre entourage.

2- Essayez de voir combien de temps ces gens vous grugent.

3- Évaluez le gain de temps potentiel si vous commencez à refuser leurs singes.

4- Imaginez tout ce que vous pourriez faire avec ce gain de temps.

5- Devenez dompteur de singes! L’achat du fouet est optionnel, mais si ça vous fait du bien… Go for it!

Citation de la semaine

“One of the greatest discoveries a man makes, one of his great surprises, is to find he can do what  he was afraid he couldn’t do.”   Henry Ford

Par François Lavallée M. Sc.

 

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