Interactions volontaires requises. Et les réunions alors? 

Interactions volontaires… le propre de l’être humain en société. Notre avantage sélectif depuis le début de l’humanité ! Notre besoin de se regrouper, de communiquer, de coopérer pour survivre. Rien de mieux qu’un groupe de chasseurs pour tuer un mammouth. Bien mal en prenait à l’individu qui tentait la même chasse devant ce colosse… En fait, on peut facilement imaginer que plusieurs chasseurs solitaires ont tenté l’expérience, mais, hey, la loi de la sélection naturelle ne leur a pas permis de se reproduire.

Le talent des chasseurs coopératifs s’est transmis de génération en génération. Ces chasseurs, bien nourris et bien vivants, avaient toutes les occasions pour se reproduire et transmettre les gènes de socialisation à leurs descendants.

Gènes méticuleusement inhibés dans plusieurs de nos organisations.

La génétique, c’est la transmission des gènes directement en partageant l’ADN qui les encode.

L’épigénétique est un phénomène controversé par lequel Lamarque  tentait désespérément de convaincre ses collègues scientifiques de l’époque que l’environnement pouvait modifier l’ADN.

Hmm… difficile à avaler même aujourd’hui.

On sait que les produits cancérigènes peuvent induire des mutations aléatoires somatiques localisées, mais de là à modifier les gamètes, les cellules sexuelles de façon coordonnée pour transmettre une caractéristique spécifique…

ouf, ouf.. je m’emporte dans mes beaux principes de biologie moléculaire.

Revenons sur terre.

Nous savons qu’un comportement conditionné chez un individu peut affecter le comportement chez un autre individu.. ça s’appelle la culture. C’est une forme de transmission de comportement qui ressemble à l’épigénétique, l’impact d’un environnement sur l’individu

Ce vidéo est intéressant à cet égard.
>

Quiconque arrive dans une nouvelle organisation fait l’expérience de sa culture rapidement. Avant d’avoir terminé sa formation initiale et avant d’avoir lu toutes les règles et procédures en place. Il suffit d’un premier contact pour en saisir l’impact. Le premier sourire de la première personne rencontrée dans un corridor. Premier sourire ou… absence de contact visuel. Un « bonjour » sincère ou… rien. Le nouvel employé apprend vite.

Malgré cela, l’humain recherche les contacts et tentera de trouver des semblables… les autres nouveaux, les collègues de l’équipe, les gens qui visiblement lui ressemblent ( chandail d’équipe sportive, moustache, boucle d’oreille, etc.). Lentement, tôt ou tard, un réseau informel se forme autour du nouvel employé.

Et en parallèle, un réseau très formel lui est imposé par l’organisation. Le réseau de la pyramide hiérarchique. Toutes les organisations traditionnelles imposent des interactions à chacun de ses employés. Les membres de son équipe, le patron immédiat et le N+1 à l’occasion, le patron de son patron. On s’assure de faire comprendre au nouvel employé les objectifs de son équipe, de son service et on implique plus ou moins implicitement le concept de compétitivité entre les équipes et les services : la mise en place des silos.

Hierarchie et siloPour tous ceux qui doutent de l’existence des silos dans leur organisation je ne pose qu’une question : les bonus de performance sont-ils uniformes d’un service à l’autre et basés sur la performance de l’organisation ou au contraire, ces fameux bonus sont-ils directement liés à la performance d’une équipe/service et peuvent varier d’un service à l’autre ?

Et toc.

Ah mais, me direz-vous, nous avons des réunions interdépartementales pour aligner les équipes. 

Ah les réunions ! 

Parlez-moi de la façon dont les gens sont invités à ces réunions !

Sont-ils convoqués ou ont-il le choix d’assister aux réunions pertinentes qui les concernent au moment qui leur convient?

Vive les interactions forcées!

Combien de réunions inutiles font-elles partie de votre dernière semaine ? Combien de temps avez-vous perdu en assistant à une réunion où votre contribution s’est limitée au tour de table initial ou à 3 minutes de résumé pour présenter le projet sur lequel vous avez travaillé pendant 1 mois ? Ou pire encore, vous étiez relégué à la section « autres sujets » et, oh, malheur, nous n’avons pas eu le temps…. bon, au moins il y avait les muffins et le café… ah? Même pas?

Quelle excellente façon de contrôler l’information dans une organisation!

Imposer la présence à des réunions.

Limiter le temps d’interactions entre les gens au minimum.

Ne pas favoriser (attention, je n’ai pas écrit permettre… ) les rencontres impromptues et les initiatives personnelles.

Inciter la compétition entre les équipes et les services.

Limiter les communications avec l’extérieur et le réseautage professionnel (certaines organisations requièrent des permissions du siège social pour donner une présentation à un groupe d’Affaires… bravo, vos employés n’ont aucun jugement et vont tout dévoiler de vos secrets d’Affaires… encore faut-il qu’ils en soient au courant!).

Ah…..

D’un côté, la nature sociale, génétiquement programmée de l’humain.

D’un autre, la structure hiérarchique de pouvoir qui force les interactions de façon bien définies.

Un dicton dont l’auteur est anonyme va comme suit :

Vous ne pouvez vraiment dire “oui” sincèrement si vous ne pouvez aussi dire “non” sans crainte de  représailles.

Imaginez maintenant un cerveau et ses milliards de neurones. Chaque neurone peut en connecter 10 000 autres. Imaginez le potentiel énorme de connexion entre les neurones. Ce phénomène de connexions, de réseau neuronal est la base de notre survie. Cette capacité à lier entre eux des cellules nerveuses et à faire des connexions, de nouvelles associations qui créent l’intelligence. Hmm.. En fait, l’intelligence est de créer de nouvelles associations, de nouvelles pièces d’information tout en éliminant les contacts inutiles, histoire de gérer efficacement le réseau et de réduire le gaspillage de neurotransmetteurs. 

En effet, pourquoi dépenser de l’énergie à entretenir une connexion inutile ?

C’est la raison pour laquelle certains évènements semblent s’effacer de votre mémoire. Pas de connexion. Il suffit qu’on vous rappelle l’évènement pour ravier la connexion. Certaines personnes se rappellent des évènements plus facilement que vous? Peut-être y pensent-elles plus souvent et ravivent le souvenir, consolidant la connexion neuronale du même coup. 

Ah ce n’est pas votre cas? Votre vie est peut-être trop pleine d’autres choses pour entretenir les connexions de vos souvenirs.

Ou trop pleine de connexions inutiles, celles qui vous sont imposées par l’organisation en continu….

Prenez quelques instants et réfléchissez…

Avec qui connectez-vous dans une journée au boulot?

Et comment?

À vos coéquipiers, connectés avec vous via un organigramme formel?

Par courriel

En assistant à des réunions imposées… chaque semaine…

Avec vos collègues dont la fonction est complémentaire à la vôtre dans les autres services ou autres bâtiments?

Par courriel? 

Ou à la cafétéria, spontanément ou en planifiant une pause productive…

Avec vos pairs lors des rencontres professionnelles à l’extérieur ?

En parlant et en échangeant spontanément ?

Avec des gens qui ont des intérêts communs à travers les groupes de discussion sur les médias sociaux?

En participant à des discussions animées et professionnelles ? Si on vous en donne la permission

Avec des gens qui ont des objectifs semblables aux vôtres et qui vous stimulent à aller plus loin ?

En gesticulant, les baguettes en l’air, et en partageant votre dernière gaffe ou bon coup ?

Ou avec les gens autour de la table pendant une autre réunion?

De façon formelle et politiquement correcte et en évitant d’offusquer quiconque pourrait influencer votre évaluation de performance le mois prochain…

Le succès d’une organisation est semblable au bon fonctionnement d’un cerveau. Les connexions entre les gens sont essentielles au même titre que les connexions entre les neurones.

Ces connexions sont aléatoires et spontanées dans le cerveau. Les bonnes connexions restent activées et les connexions inutiles sont progressivement désactivées.

Le cerveau est un exemple exceptionnel d’adaptation et de survie.

Qu’en est-il de votre organisation ?

Les connexions sont-elles volontaires ou forcées?

Avez-vous la possibilité de choisir avec qui vous interagissez ou êtes -vous forcé de préserver des liens qui sont inutiles ou pires encore, destructeurs?

Quels choix avez-vous ?

Il est trop facile de penser que vous n’avez pas le choix.

Tentez de ne pas assister à une réunion inutile et suggérer de lire les minutes en vous assurant de faire ce qui est attendu de vous…. si vous faites partie des items d’action.

Demander à assister à une réunion qui vous semble pertinente, incluant le comité de gestion lorsque votre projet est sur la table et qu’on a « oublié » de vous inviter.

Interagissez avec le monde via les réseaux sociaux.

Sortez de votre cubicule et contactez vos pairs ou une association professionnelle.

Investissez dans votre développement personnel et professionnel… n’attendez pas l’autorisation ! Payez de votre poche et essayez ensuite de vous faire rembourser par l’organisation. La décision initiale est la vôtre… assumez les conséquences!  C’est toujours moins cher que le changement de pneus d’hiver et ça, vous n’hésitez pas à le faire.

Votre cerveau le fait. Faites-le donc!

Le succès de votre organisation, et le vôtre dépend des interactions volontaires spontanées et nombreuses que vous aurez avec les gens qui vous entourent… et grâce au web, c’est le monde entier qui vous entoure!

Reprenez le contrôle de vos interactions. 

Maintenant.

En laissant un commentaire, en m’écrivant, en vous abonnant à un blog ou un groupe de discussion, en vous impliquant…

Maintenant.

J’attends des réactions…

 

Crédit photo : Hermes Rivera on Unsplash

Matériel protégé par le droit d’auteur © Aliter Concept™ 2018. S.V.P. ne pas imprimer ou copier sans la permission de l’auteur.

N’HÉSITEZ PAS À LE PARTAGER pour inciter vos amis à penser autrement!