Ah, les tiennes…

Pourquoi s’en faire ?

Imaginez la scène suivante : Vous êtes dans la “zone”, vous savez cet espace/temps où tout semble aller très vite, où vous êtes en contrôle total de vos pensées et où le travail s’effectue comme un charme et avec une précision et une exactitude remarquables, où tout est facile et mon Dieu que c’est brillant…

ET TOUT…
S’ARRÊTE…
SOUDAINEMENT.
Une interruption !
Quelqu’un a besoin de vous.

Pour une tâche dont l’importance est, il va sans dire, inversement proportionnelle au sentiment d’urgence que l’interrupteur semble y accorder. Et on vous dérange pour ÇA ? Vous effectuez rapidement la tâche triviale et vous retournez à la “zone”… qui a disparu. Après quelques efforts de concentration, vous arrivez péniblement à retrouver un niveau de concentration à peu près équivalent et le travail repart de plus belle.

QUAND…

TOUT À COUP…
On vous tape sur l’épaule…
Bon, vous voyez le décor, la scène et l’arrière-scène. C’est le quotidien des grandes organisations. C’est aussi le quotidien de nos vies à la maison. À chaque fois qu’on interrompt le travail en cours, on ressent un léger pincement.
À chaque fois ? Non.
À chaque fois que les priorités de l’interrupteur ne cadrent pas avec les vôtres.
Certaines personnes ont la manie d’imaginer que LEURS priorités ont préséance sur le sens dont la planète effectue sa rotation dans l’espace, ou même sur la direction du mouvement translationnel autour du soleil ! Oh, ne vous inquiétez pas, je réalise que j’en suis coupable aussi.
En fait, un de mes amis me l’a fait réaliser en 2002.
Lors d’une présentation à grand déploiement, nous avions pensé lancer dans la foule des peluches en forme de poisson à chaque participant pour mettre de l’emphase sur le message véhiculé ce jour-là (pour que personne ne s’en fish!). Rassurez-vous, les gens ont adoré et c’était réellement approprié. Le problème est survenu lors de la sixième journée lorsque j’ai réalisé que nous en manquerions peut-être pendant la 13e session… SI le nombre de participants dépassait, oh, je ne sais plus, 1000.
Le problème était que :
1-MOI, j’ai réalisé… alors que j’assumais que la personne responsable l’aurait fait.
2-Le temps de transport nous mettait dans une situation périlleuse dans le meilleur des cas
3-Si 950 participants avaient reçu leur peluche symbolique, il était INADMISSIBLE que 50 n’en reçoivent pas !
4-COMMENT DIABLE POUVAIS-JE ÊTRE LE SEUL À VOIR TOUT ÇA ?
Certains finissent par faire une crise cardiaque.
D’autres ont la chance d’avoir des amis.
“Hey mec, et puis quoi? Quelles sont les conséquences de manquer de 50 peluches ?”
Je me suis presque étouffé. Même mon ami ne comprenait pas la gravité de la situation!?!!!
“Non, mais tu aurais pu leur dire qu’ils la recevraient plus tard, non ?”
…..
…..
…..(Ces points de suspension démontrent graphiquement, ma réaction de stupéfaction la plus complète et mon regard hagard de réalisation qui aurait probablement fait gagner à un photographe un prix du genre “Croqué sur le vif”).
En effet.
Aucune conséquence grave, si ce n’est de la grave entaille à mes priorités.
MES priorités.
JE trouvais tout cela important. Et bien que le lancer de la peluche de poisson ait eu un effet bœuf et spectaculaire, le vrai message était dans la présentation et non dans la peluche.
Mais j’en ai déplacé de l’air, le mien et celui des autres, pour avoir nos peluches (oui, elles sont arrivées à temps !).
Pour rien.
En fait, le principal impact a été sur la personne qui a reçu en pleine face ma réaction face au délai de livraison, à l’incapacité de prévoir, etc.
Une relation personnelle entachée irrémédiablement. Une fois de plus.
Mais heureusement, j’avais des amis qui osaient me dire mes quatre vérités.
Quelle chance !
Vos priorités et celles des gens qui vous entourent sont-elles les mêmes ? Comment savoir si vous n’en discutez jamais ? Trop souvent, les organisations assument que les objectifs sont bien communiqués aux employés. Trop fréquemment, les patrons estiment que leurs subordonnés savent déjà ce qui se passe dans la tête de leur supérieur.

FAUX !
La même chose se produit dans une famille, dans un couple. Entre deux personnes en général.
Tout est basé sur des valeurs, des principes fondamentaux que peu de gens découvrent vraiment. Des fondations ayant leur origine dans notre éducation, notre enfance, les valeurs inculquées par nos parents, etc. J’arrête ici mon analyse freudienne de la situation.
Je pose une simple question : pourquoi y a-t-il toujours dans un couple un des conjoints qui considère le ménage plus important que l’autre ?
Question de priorités.
Question de satisfaction à voir “propre”.
Question de valeur.
Donc, profondément personnel.
Qui sommes-nous pour imposer nos priorités, nos valeurs à autrui ? Un des grands talents de l’être humain est la capacité d’influencer les autres. À force d’arguments, de discussions et de réflexions, il est possible de convaincre une équipe, un conjoint, une compagnie du bien-fondé de nos visions. Dans certains cas, de grands orateurs ont su nous convaincre par un simple discours, certains tristement célèbres, d’autres historiquement inspirants.
La plupart du temps, ces beaux discours ne restent que de beaux discours. L’ultime pouvoir de conviction est l’action et non la discussion. L’ultime pouvoir est d’augmenter la satisfaction des gens à adhérer à la nouvelle vision.
Si je n’éprouve aucune satisfaction à faire le ménage hebdomadaire (cas hypothétique bien sûr), comment ma conjointe pourrait-elle me convaincre ? Les obligations familiales ? Ah bon ? Les obligations, comme celle de respecter la limite de vitesse de 70km/h sur l’autoroute Métropolitaine alors que les véhicules autour de vous vous dépassent à plus de 100km/h ? Les obligations de remplir un rapport mensuel qui n’est lu par personne ?
Et la satisfaction là-dedans ?
J’éprouve de la satisfaction à jouer de la guitare. Répéter pendant 60 minutes les mêmes 17 mesures difficiles me remplit de joie ! Enfin capable de faire ce riff !
D’autres personnes restent immobiles dans une tente à attendre qu’un orignal passe.
D’autres tricotent pendant des heures.
D’autres enfin, s’amusent à résoudre des équations mathématiques complexes dont la solution n’apportera rien à l’humanité… pour le moment.
Bref, les priorités de chacun sont articulées autour de la satisfaction que chacun y trouve. Priorités de vie, objectifs professionnels, valeurs de couples, principes fondamentaux de fonctionnement… certaines priorités sont un peu forcées, car les résultats à long terme sont visibles et en valent la peine.
Mais les priorités des uns ne sont pas les priorités des autres.
Que faire ?
D’abord, posez-vous la question : connaissez-vous VOS priorités ? Les avez-vous énoncées assez clairement pour que vous puissiez en parler et qu’elles soient entendues et comprises par les autres ?
Ensuite, posez la question à votre ou vos interlocuteurs, qu’ils soient conjoints, fils, collègues, patrons ou subordonnés : quelles sont LEURS priorités ?
Si vous réussissez à trouver de la satisfaction à honorer vos priorités, peut-être cette satisfaction peut-elle devenir contagieuse ? Ne serait-il pas idéal de communiquer la satisfaction à effectuer une tâche plutôt que la tâche elle-même ?
On ne peut imposer nos priorités aux autres. On ne peut s’attendre à ce qu’ils respectent NOS priorités. Les autres ne peuvent également pas nous imposer leurs priorités.
Impasse  ?
Sans communication, aucun dénouement possible.
Sans profond respect, aucune conciliation possible. Jongler avec ses priorités est difficile. Devoir considérer les priorités des autres devient un fardeau rapidement trop lourd. Mais lorsque les priorités sont bien établies, du moins les vôtres, la gestion de celles-ci devient un défi plus réaliste.
La première étape est donc de clarifier vos priorités. Et de réfléchir sur la satisfaction éprouvée lorsque vous les respectez.Une de mes priorités est d’écrire cette chronique chaque mois. En fait, j’en écris une par semaine sur divers sujets.
Une priorité ? OUI.
De la satisfaction ? OUI.
Discipline requise ? OUI.
Discipline de fer ? NON… car j’adore ça !
L’époussetage maintenant.
Une de mes priorités ? NON
Satisfaction ? À moins que la couche de poussière sur le téléviseur transforme le HD (haute définition) en DH (dépôt hasardeux)… définitivement NON.
Discipline requise ? OUI
Discipline de fer… de faire ? Hmmm.
Succès hebdomadaire ? Mitigé.
Quelles sont vos priorités ?
Quelle satisfaction en retirez-vous ?
Est-il vraiment nécessaire de continuer ?
Était-ce vraiment nécessaire de lancer ces peluches à tout le monde ? NON !
Revoir ses priorités est une activité très saine. Prendre du recul pour avoir une nouvelle perspective fait toujours du bien. Nos priorités valent-elles réellement la peine de faire éclater une dispute ? Nos priorités, toutes importantes en apparence furent-elles, valent-elles une relation brisée ?
Qui sommes-nous pour imposer nos priorités à autrui?
DEVOIR 
Lire la fable qui suit. J’aurais bien aimé pouvoir en être l’auteur…
Réfléchir.
Et vivre pleinement.
CITATIONS
“Les priorités sont fonction du contexte.” 
S.R. Covey
“Getting in touch with your true self must be your first priority”
Tom Hopkins

LES TROIS PORTES DE LA SAGESSE

Un roi avait pour fils unique un jeune Prince courageux, habile et intelligent. Pour parfaire son apprentissage de la vie, il l’envoya auprès d’un Vieux Sage.

« Éclaire-moi sur le sentier de la vie, demanda le Prince.»

« Mes paroles s’évanouiront comme les traces de tes pas dans le sable, répondit le Sage. Cependant, je veux bien te donner quelques indications. Sur ta route, tu trouveras trois portes. Lis les préceptes indiqués sur chacune d’entre elles. Un besoin irrésistible te poussera à les suivre. Ne cherche pas à t’en détourner, car tu serais condamné à revivre sans cesse ce que tu aurais fui. Je ne puis t’en dire plus. Tu dois éprouver tout cela dans ton cœur et dans ta chair. Va maintenant. Suis cette route, droit devant toi ».

Le Vieux Sage disparut et le Prince s’engagea sur le chemin de la vie.

Il se trouva bientôt face à une grande porte sur laquelle on pouvait lire « CHANGE LE MONDE ».

« C’était bien là mon intention, pensa le Prince, car si certaines choses me plaisent dans ce monde, d’autres ne me conviennent pas ». Et il entama son premier combat. Son idéal, sa fougue et sa vigueur le poussèrent à se confronter au monde, à entreprendre, à conquérir, à modeler la réalité selon son désir. Il y trouva le plaisir et l’ivresse du conquérant, mais pas l’apaisement du cœur. Il réussit à changer certaines choses, mais beaucoup d’autres lui résistèrent. Bien des années passèrent.

Un jour, il rencontre le Vieux Sage qui lui demande : « Qu’as-tu appris sur le chemin ? » « J’ai appris, répondit le Prince, à discerner ce qui est en mon pouvoir et ce qui m’échappe, ce qui dépend de moi et ce qui n’en dépend pas ». « C’est bien, dit le Vieil Homme. Utilise tes forces pour agir sur ce qui est en ton pouvoir. Oublie ce qui échappe à ton emprise ». Et il disparut.

Peu après, le Prince se trouva face à une seconde porte. On pouvait y lire « CHANGE LES AUTRES ». « C’était bien là mon intention, pensa-t-il. Les autres sont source de plaisir, de joie et de satisfaction mais aussi de douleur, d’amertume et de frustration ». Et il s’insurgea contre tout ce qui pouvait le déranger ou lui déplaire chez ses semblables. Il chercha à infléchir leur caractère et à extirper leurs défauts. Ce fut là son deuxième combat.

Bien des années passèrent.

Un jour, alors qu’il méditait sur l’utilité de ses tentatives de changer les autres, il croisa le Vieux Sage qui lui demanda : « Qu’as-tu appris sur le chemin? »  « J’ai appris, répondit le Prince, que les autres ne sont pas la cause ou la source de mes joies et de mes peines, de mes satisfactions et de mes déboires. Ils n’en sont que le révélateur ou l’occasion. C’est en moi que prennent racine toutes ces choses ». « Tu as raison, dit le Sage. Par ce qu’ils réveillent en toi, les autres te révèlent à toi-même. Soit reconnaissant envers ceux qui font vibrer en toi joie et plaisir. Mais, sois-le aussi envers ceux qui font naître en toi souffrance ou frustration, car à travers eux la vie t’enseigne ce qui te reste à apprendre et le chemin que tu dois encore parcourir ». Et le Vieil Homme disparut.

Peu après, le Prince arriva devant une porte où figuraient ces mots « CHANGE-TOI TOI-MÊME ». « Si je suis moi-même la cause de mes problèmes, c’est bien ce qu’il me reste à faire », se dit-il. Et il entama son troisième combat. Il chercha à infléchir son caractère, à combattre ses imperfections, à supprimer ses défauts, à changer tout ce qui ne lui plaisait pas en lui, tout ce qui ne correspondait pas à son idéal. Après bien des années de ce combat où il connut quelques succès mais aussi des échecs et des résistances, le Prince rencontra le Sage qui lui demanda :

« Qu’as-tu appris sur le chemin ? »  « J’ai appris, répondit le Prince, qu’il y a en nous des choses qu’on peut améliorer, d’autres qui nous résistent et qu’on n’arrive pas à briser ». « C’est bien, dit le Sage ».

« Oui, poursuivit le Prince, mais je commence à être las de me battre contre tout, contre tous, contre moi-même. Cela ne finira-t-il jamais ? Quand trouverai-je le repos ? J’ai envie de cesser le combat, de renoncer, de tout abandonner, de lâcher prise ». « C’est justement ton prochain apprentissage, dit le Vieux Sage. Mais avant d’aller plus loin, retourne-toi et contemple le chemin parcouru ». Et il disparut.

Regardant en arrière, le Prince vit dans le lointain la troisième porte et s’aperçut qu’elle portait sur sa face arrière une inscription qui disait :

« ACCEPTE-TOI TOI-MÊME »

Le Prince s’étonna de ne point avoir vu cette inscription lorsqu’il avait franchi la porte la première fois, dans l’autre sens. « Quand on combat, on devient aveugle, se dit-il ». Il vit aussi, gisant sur le sol, éparpillé autour de lui, tout ce qu’il avait rejeté et combattu en lui: ses défauts, ses ombres, ses peurs, ses limites, tous ses vieux démons. Il apprit alors à les reconnaître, à les accepter, à les aimer. Il apprit à s’aimer lui-même sans plus se comparer, se juger, se blâmer. Il rencontra le Vieux Sage qui lui demanda :

« Qu’as-tu appris sur le chemin ? »  « J’ai appris, répondit le Prince, que détester ou refuser une partie de moi, c’est me condamner à ne jamais être en accord avec moi-même. J’ai appris à m’accepter moi-même, totalement, inconditionnellement ». « C’est bien, dit le Vieil Homme, c’est la première Sagesse. Maintenant, tu peux repasser la troisième porte ».

À peine arrivé de l’autre côté, le Prince aperçut au loin la face arrière de la seconde porte et y lut :

« ACCEPTE LES AUTRES »

Tout autour de lui, il reconnut les personnes qu’il avait côtoyées dans sa vie;  celles qu’il avait aimées comme celles qu’il avait détestées. Celles qu’il avait soutenues et celles qu’il avait combattues. Mais à sa grande surprise, il était maintenant incapable de voir leurs imperfections, leurs défauts, ce qui autrefois l’avait tellement gêné et contre quoi il s’était battu.

Il rencontra à nouveau le Vieux Sage. « Qu’as-tu appris sur le chemin demanda ce dernier ? »  « J’ai appris, répondit le Prince, qu’en étant en accord avec moi-même, je n’avais plus rien à reprocher aux autres, plus rien à craindre d’eux. J’ai appris à accepter et à aimer les autres totalement, inconditionnellement. » « C’est bien, dit le vieux sage. C’est la seconde Sagesse. Tu peux franchir à nouveau la deuxième porte. »

Arrivé de l’autre côté, le Prince aperçut la face arrière de la première porte et y lut :

« ACCEPTE LE MONDE »

« Curieux, se dit-il, que je n’aie pas vu cette inscription la première fois. » Il regarda autour de lui et reconnut ce monde qu’il avait cherché à conquérir, à transformer, à changer. Il fut frappé par l’éclat et la beauté de toute chose. Par leur perfection. C’était pourtant le même monde qu’autrefois. Était-ce le monde qui avait changé ou son regard? Il croisa le Vieux Sage qui lui demanda :

« Qu’as-tu appris sur le chemin ? » « J’ai appris, dit le Prince, que le monde est le miroir de mon âme, que mon âme ne voit pas le monde, elle se voit dans le monde. Quand elle est enjouée, le monde lui semble gai. Quand elle est accablée, le monde lui semble triste. Le monde, lui, n’est ni triste ni gai. Il est là;  il existe, c’est tout. Ce n’était pas le monde qui me troublait, mais l’idée que je m’en faisais. J’ai appris à accepter sans le juger, totalement, inconditionnellement ».

« C’est la troisième Sagesse, dit le Vieil Homme. Te voilà à présent en accord avec toi-même, avec les autres et avec le Monde ». Un profond sentiment de paix, de sérénité, de plénitude envahit le Prince. Le silence l’habita. « Tu es prêt, maintenant, à franchir le dernier seuil, dit le Vieux Sage, celui du passage du silence de la plénitude à la Plénitude du Silence ».

Et le Vieil Homme disparut!

(Texte proposé par Françoise Laurent)

Par François Lavallée, M. Sc.

 

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