Ai-je failli ?

La vie n’est pas un long fleuve tranquille.

La route que nos parents et nos éducateurs tracent pour nous est parsemée d’embûches et l’aboutissement de nos trajectoires scolaires puis académiques ne laissent que rarement présager ceci sera, ou plutôt seront, nos carrières.

En déposant mon mémoire de maîtrise en biologie moléculaire, j’étais loin d’imaginer que ma vie serait autre chose qu’une carrière en science et en recherche fondamentale.

Ce long parcours de vingt années d’études mena à une carrière scientifique pendant 5 ans seulement. A suivi une courte période en supervision de production pharmaceutique. Ceci se transforme en une plus longue période en formation, toujours dans le domaine pharmaceutique en tant que formateur et gestionnaires d’une équipe de Formation.

Et finalement la fondation de ma compagnie, Aliter Concept, en éducation et formation, en 2005. Presque 20 ans au moment d’écrire ces lignes.

Que suis-je devenu ?

À l’aube de la fin de ma sixième décennie, je pose cette question existentielle.

Si la réponse est assez évidente (après tout je suis un éducateur sous l’appellation biologiste organisationnel) la seconde question, toujours aussi existentielle, est entourée d’un flou subjectif inquiétant :

Ai-je failli ?

Après presque 20 ans de pratique au sein de Aliter Concept je suis toujours aussi rempli de cette fougue pour faire changer les choses, améliorer les organisations en passant par la transformation des paradigmes personnels des individus qui assistent volontairement (la plupart du temps) à mes interventions sous forme de formation, d’ateliers, de « team building », de conférence et de collectif de réflexion .

Cette fougue, que je tente d’insuffler aux participants et qui je l’espère, les poussera à entreprendre les changements souhaités énoncés pendant nos réflexions de groupe.

Je me plais à dire que je ne suis qu’un guide qui ouvre des portes, ces dernières ne pouvant être franchies que par les participants eux-mêmes. J’ai beau montrer la voie, suggérer des pistes, offrir de l’aide ou de l’accompagnement, je sais pertinemment que le seuil de ce passage vers le changement organisationnel ne sera franchi que par les plus courageux/ses, les plus persistants/tes de mes clients.

À la lecture du livre de Jean Giono, « L’homme qui plantait des armes » il y quelques années, je pris conscience que mon travail, ma vocation, n’aura d’impacts visibles que plusieurs décennies plus tard. Les jeunes superviseurs qui assistaient à mes interventions en 2005 sont maintenant à un niveau hiérarchique qui leur permet de prendre action pour transformer leur organisation. Si l’inertie inhérente de leur organisation leur permet. 

Michel Lauzière définit ainsi les bureaucrates, les technocrates qui hantent et contrôlent nos organisations : une personne qui, pour améliorer les choses, n’a qu’arrêter de s’en occuper.  

Peter Drucker disait sensiblement la même chose avant de mourir (ses citations post-mortem sont assez rares en fait…) :  Rien n’est plus inutile qu’efficacement une chose qui ne devrait pas être faite ! OU encore « Une part importante de ce qui nous appelions “management” consiste à rendre le travail des gens difficile à accomplir. »

Et moi qui m’évertue à passe le message que la clé est de prendre le taureau par les cornes et de faire des petits changements valables et logiques au sein des équipes, étape par étape pour éventuellement arriver à traverser la rivière. Cette métaphore de la traverse à gué, en posant le pied sur une pierre à la fois tout en conservant notre objectif (l’autre rive) me guide vers cette objectif.

Un autre sage dont j’oublie le nom (rappelez-vous la sixième décennie !) disait aussi :

Pour inciter les gens à traverser l’océan, on ne leur donne pas un bateau, mais bien le goût de voir l’autre rive !

La question demeure : 

Ai-je failli ?

Je suis plutôt naïf de nature. Je fais confiance spontanément aux gens quand ils me disent qu’ils feront ceci ou cela. Peut-être un peu trop confiance. Je suis souvent déçu des progrès observés. Et depuis quelques années, surpris de voir qu’en fait, il y a eu des changements de paradigmes, de comportements. Je n’en ai pas tout le crédit, mais récemment, certains clients me font savoir que j’ai eu une influence certaine sur leur développement.

Quel baume !

Mais combien de fois ai-je entendu un client me dire que la Formation ou l’intervention fut couronnée de succès pour finalement conclure que les effets escomptés ne furent pas observés, faute de suivi et d’accompagnement par l’équipe de gestion. Suivi et accompagnement que je proposais directement ou indirectement et supporté par des recherches en développement organisationnel par des experts du domaine.

J’ai donc failli, la plupart du temps.

Et à quelques reprises depuis quelques années, j’en suis venu à vouloir abdiquer, prendre ma retraite, écrire un autre livre et des romans pour adolescents et concentrer mes efforts et mon énergie à mon groupe de rock.

L’annonce récente par le propriétaire de l’immeuble (qui abrite mon bureau et ma salle de rencontre pour mes Collectifs de Réflexion) d’un déménagement forcé, couplé à une conjoncture économique difficile, me force encore une fois à revoir mon plan d’affaires. Ce ne serait pas la première fois depuis 2005 !

Mais cette question me trotte dans la tête :

Ai-je failli ?

Et si oui, pourquoi persister, déménager, relancer la stratégie et s’évertuer à tenter de changer les choses ?

La vie n’est pas un long fleuve tranquille. Les affaires et l’entrepreneuriat non plus.

Il faut être un peu fou pour se lancer en affaires.

Il faut être un peu fou pour penser qu’on peut changer les choses.

Mais il semble que seuls les fous qui pensent de cette façon peuvent le faire.

Ai-je failli à cette mission que j’essaie de suivre depuis 2005 ?

« Transformer les organisations, une personne à la fois, tout le monde en même temps »

Peut-être que je n’ai pas essayé assez longtemps…

Allez hop… on repense à tout cela différemment et on agit différemment… encore !!

Aliter cogitere, aliter agere !

Yeah!


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