Coûts irrécupérables et CUEC

CUEC ?

Plusieurs entreprises ont bénéficié de ce Compte d’Urgence pour les Entreprises Canadiennes pendant la pandémie. Cette mesure d’aide économique a été conçue avec le même état d’esprit que la notoire PCU, la prestation Canadienne d’Urgence qui a tant fait jaser. Dans les deux cas, la crise engendrée par la pandémie nécessitait une action rapide des gouvernements. 

DES gouvernements, car la plupart des pays ont eu recours à des mesures semblables dans les premiers mois de la pandémie,

Les confinements, les arrêts complets d’activités économiques et sociales et les impacts sur la santé ont forcé les gouvernements à limiter les dégâts en permettant à la population de survivre sans revenus d’emploi.

Je n’ai pu que saluer la mise en place extrêmement accélérée de ces mesures dans les premiers mois de la pandémie. Pandémie qui ne devait durer que quelques semaines, rappelez-vous… » ça va devait bien aller » !

Enfin, le gouvernement démontrait qu’il pouvait bouger vite, très vite !

La PCU d’abord. Pour presque tout le monde, sans trop de questions ou d’embûche administratives a pu en bénéficier et recevoir un chèque, très, très rapidement. Bravo !!

WOW !

Quelle surprise !

Oh, bien sûr, certains individus ont abusé de ces mesures et en ont profité pour frauder le gouvernement de façon éhontée. Mais en général, cette mesure a eu du bon.

Un peu trop longtemps peut-être, mais bon… on apprend avec ses erreurs. Au total, la population s’en est sortie somme toute assez bien.

Sauf ceux qui ont tout dépensé sans penser aux impôts sur ce revenu venu de nulle part, mais bon… encore une fois, on apprend e de ses erreurs.

L’aide apportée pour subventionner les emplois pendant la pandémie et la CUEC ont été les versions « entreprises » de la PCU. Encore une fois, des mesures d’urgence votées rapidement et implantées sans trop d’obstacles « administratifs ». La demande était un peu plus ardue que la PCU, mais bon… on a vu pire quand on joue avec les systèmes des ministères du revenu !

Le gouvernement a même pensé à un incitatif très généreux en « pardonnant » une partie de la dette si les entreprises remboursaient le prêt avant la date limite. Le tiers de la dette pouvait être « pardonnée »… lire oubliée !

WOW !! Et RE—WOW !

Deux ans de sursis qui a été une bouée de sauvetage pour des milliers d’entreprises.

Et un an de sursis additionnel quand la pandémie a envoyé un signal qu’elle avait décidé de rester parmi nous plus longtemps que ce que nous avions espéré…

Une pandémie qui, sans grande surprise si on étudie l’histoire, dure depuis 3,5 ans en date d’aujourd’hui (fin 2023). 

Une pandémie qui a laissé de profondes cicatrices partout sur la planète. 

Une pandémie qui crée un environnement différent auquel les gens se sont adaptés tant bien que mal.

Une pandémie qui a changé les modèles d’affaires de bien des entreprises qui peinent encore à répondre aux nouveaux besoins ou habitudes de leurs clients.

Des restaurants qui sont ouverts 4 jours ou moins par semaines.

Des commerces qui affichent des heures d’ouverture réduites.

Une pénurie de main-d’œuvre annoncée depuis 20 ans qui frappe maintenant de plein fouet le organisations.

Des tablettes à moitié vides (ou à moitié pleine si vous penchez du côté optimisme).

Une dure réalité qui frappe les entreprises encore chaque jour malgré tous leurs efforts pour s’en sortir.

Ah oui, et le remboursement de la CUEC arrive à échéance.

La période de grâce sans intérêt s’achève.

Et pour ceux qui ne peuvent rembourser intégralement, la perte du tiers « pardonné ».

Ceux qui en ont le plus besoin seront dans l’obligation de rembourser un montant relativement élevé dans un cours laps de temps.

Un cercle vicieux s’amorce.

Ces entreprises qui ont survécu grâce à ce prêt, accordé dans l’espoir du retour à la normale, ne peuvent le rembourser dans cette nouvelle « normalité ».

Les annonces de faillites anticipées se font légion.

On entend parler d’une nouvelle mesure gouvernementale qui nous rappelle que les offres bureaucratiques illogiques sont de retour : un sursis administratif de 4 semaines pour rembourser cette dette. 

Qui peut penser que 4 semaines feront une différence ? Probablement une décision qui est le fruit d’une longue réunion de technocrates sur le montant d’intérêt additionnel, etc.

Et si on pensait autrement ?

En affaires, les dirigeants doivent souvent penser aux « sunk costs », les coûts irrécupérables. Ces montants sont le fruit de mauvaise décision ou de changement dans le marché. On investit dans un projet, on achète des équipements, on embauche du personnel et on travaille pendant des mois, voire des années, dans l’espoir de voir aboutir le nouveau produit, le nouveau service, le nouveau site web… et on se rend compte que ça bouge moins vite que prévu ou que ça n’avance pas du tout, ou que nos prévisions et notre réflexion stratégique ont été faussées par un nouveau segment du marché… bref… on fonce vers un mur.

Que faire ? 

  • Continuer d’investir temps, efforts et ressources financières pour entretenir ce fol espoir ?
  • Ou abandonner simplement le projet et cesser de dépenser. 

Dans les deux cas, un impact immédiat sur la ligne du bas. Positif ou négatif, mais immédiat.

Mais, entends-je les détracteurs s’écrier, si on abandonne, l’impact de tout cet investissement sera réduit à néant ! Inacceptable ?

Vraiment ?

Ces efforts, les ressources, etc., bref, cet argent n’existe plus. Il a été dépensé à tort ou à bien dans le passé. Il a été comptabilisé dans les bilans et a eu un impact sur nos finances. Mais c’est du passé. On n’y peut rien. 

Mais on peut envisager un futur différent. Et cesser l’hémorragie. 

Retour à la CUEC.

Si on faisait table rase ?

Si on pardonnait à tout le monde la totalité de la CUEC et non seulement le tiers ?

On évalue à 49 milliards de dollars cette CUEC.  En comparaison la PCU et le reste des mesures ont coûté environ 80 milliards au trésor public en 2020 pour une période de 28 semaines. 80 000 000 000 $ de plus sur la dette aux Canadiens pour aider environ 9 millions de Canadiens. Et la subvention salariale aux entreprises à coûté environ 100 milliards

Sommes-nous capables d’absorber 49 000 000 000 sur cette dette ? 

Avant de sauter aux conclusions, prenons un pas de recul.

Quels seront les coûts, directs et indirects, des faillites annoncées ?

Quand une entreprise fait faillite, ses créanciers ne sont pas payés en entier. Tout le monde perd. (Sauf les banques… toujours les banques… on se demande pourquoi les gouvernements n’interviennent pas… mais ce sera une autre discussion avec des gens plus qualité que moi).  De plus, tous ces gens devront recevoir des chèques de l’assurance Emploi. Non, pas tout le monde, les entrepreneurs propriétaires ayant oublié de se payer ne sont donc pas considérés comme employés, et ne recevront… Rien. Les moteurs de notre économie se retrouveront sur le pavé. Certains se suicideront, c’est inéluctable. 

Ces entreprises qui, bien que tournant au ralenti, alimentaient l’économie en générant des revenus d’affaires, des impots, de l’emploi et contribuaient à la santé économique d’autres, de dizaines autres entreprises en consommant leurs biens et services… ces entreprises qui risquent de disparaître par milliers, entraînant avec elles combien d’autres entreprises.

L’économie ralentira encore et la souffrance humaine associée à ces bouleversements augmentera… encore.

Sommes-nous capables d’absorber les coups économiques et sociaux de ces faillites ? 

Avant de sauter aux conclusions, prenons un autre pas de recul.

L’aventure des Papiers Gaspésie a coûté combien avant d’être abandonnée ? Nous avons « donné » à Bombardier le prêt consenti pour le développement de leur nouvel avion, il y a quelques années à peine. On s’apprête à « aider » Norvolt à hauteur de 3 milliards… pour la première phase. 

Ah j’allais oublier la meilleure… on subventionne directement ou indirectement l’industrie pétrolière, chaque année… pour un montant de 38 milliards… USD ! Plus de 50 Milliards annuellement.

Je suis bien naïf, mais… 1 +1 = toujours 2.

Et 1-1 = toujours zéro

On ne cesse de décrier les subventions aux pétrolières qui génèrent des profits honteux, année après année en plus de polluer et de prétendre contribuer des projets de recherches pour des énergies « vertes ». L’extraction des énergies fossiles est relativement simple et très lucrative (surtout pour les gisements dans les sables de la péninsule arabique !). Je comprends bien que les pétrolières apprécient la situation actuelle : subventions , profits, yeah!!!

Je ne suis pas assez naïf pour ignorer que les lobbies du pétrole subventionnent les gouvernements. Mais les milliers de personnes qui menacent de faire faillite vont certainement réduire leurs émissions de GAS en roulant moins…

Je finis avec des citations de gens décédés. Leur décès n’enlève rien à la puissance de leurs propos.


Pour chaque problématique complexe existe une solution claire, simple et… fausse!

H.L. Mecken.


 Aucun problème ne peut être résolu sans changer le niveau de conscience qui l’a engendré .

Albert Einstein


Réfléchir à l’alternative des coûts irrécupérable pourrait au moins être envisagé (rapidement). Réfléchir au Big Picture, malheureusement pas des gouvernements en générale, pourrait bénéficier à tous.

Les coûts irrécupérables sont une réalité du monde des affaires. Les « sunk costs » sont difficiles à accepter, mais indispensables quand le mur approche.

Il est temps d’y penser avant de couler.

Coûts irrécupérables et CUEC

Peut-être …

 


Contribution volontaire
Le blog est gratuit mais…
Si cet article vous a touché, vous a fait changer d’idée ou de perspective ou a fait prendre de l’expansion à votre esprit… n’oubliez pas que le contenu gratuit sur le web a un coût pour le créateur du contenu.

Merci d’avance pour votre contribution éventuelle.



Merci d’avance pour votre contribution éventuelle.

Abonnez-vous à ce blog et ne manquez aucun article!!

Envoyez l’hyperlien de cet article à un ami ou un collègue qui pourrait en bénéficier ; ne copiez pas le contenu dans un courriel.

Partagez cet article sur votre réseau social préféré! Vous ne pouvez imaginez l’impact sur la visibilité de mon site!

SVP ne faites pas de photocopie sans en demander la permission à l’auteur… flavallee@aliterconcept.com… ça, c’est moi!

 

Crédits photo:

https://pixabay.com/users/pixalanart-24796656/

Matériel protégé par les droits d’auteur © 2023 Aliter Concept™


Suggestions de lectures 


Mon livre sur la gestion des priorités

 

Le livre de Niels Pfleaging que j’ai eu le privilège de traduire!

S’organiser pour la complexité! Disponible dsur Amazon.ca 

 

s’organiser pour la complexité