Qu’est-ce que la biologie organisationnelle?

Les premiers symptômes apparurent très tôt.  Mes premiers souvenirs remontent à 1974. J’avais environ 10 ans. Je me souviens de mon impatience. Était-ce de l’hyperactivité mal diagnostiquée ? Je ne saurais dire.

Mes souvenirs suivants correspondent à l’année suivante. Cette fois, à l’impatience s’est ajoutée de l’intolérance et un désir de pousser plus fort.

Ces souvenirs demeurent vagues. Pourquoi se souvenir de tout cela ? Le cerveau fonctionne spontanément et efface les choses inutiles de notre mémoire. Ce nettoyage fait de la place pour le reste, plus important.

Mes souvenirs sont plus clairs, plus nets, quelques années plus tard. Encore de l’impatience, couplée à de l’incompréhension. Mais pourquoi le professeur refuse-t-il obstinément de me laisser répondre. Elle pose une question et je lève la main. Je suis le seul à lever la main… encore. Ma grande interrogation porte sur cette insistance à m’ignorer autant que sur le fait que personne ne sait la réponse. À quoi sert l’école si on ne peut apprendre à son rythme, si on ne peut apprendre assez vite ?

La même chose se reproduit au collège. Encore une fois, je sens que répondre à une question n’est pas le comportement désiré par l’enseignant. En fait, le fait que JE réponde à la question et que je sois le seul à répondre…. ma soif d’apprendre ne semble pas cadrer avec le modèle traditionnel d’enseignement.

Les symptômes se sont amplifiés lors du passage à la maîtrise. Non seulement je résistais au modèle traditionnel de l’Apprenti et du Maître, mais le concept de la recherche étant de développer et de chercher du nouveau me poussait à… modifier les recettes déjà établies par les « sages » du domaine. Non satisfait de mes résultats expérimentaux, je tentais de changer la façon de faire à chaque fois. Einstein n’a-t-il pas dit « Faire la même chose de la même façon et s’attendre à des résultats différents s’appelle la folie » ?

Pourquoi aurais-je répété la même chose si cela n’avait pas fonctinné la première fois ? Plus important, pourquoi mes collègues et mon directeur de thèse s’acharnaient-ils à me faire répéter et soutenir que la cause du problème pointait vers l’expérimentateur, c’est-à-dire moi ? Et si la méthode , pour des raisons que nous ne comprenions pas, causait tous ces problèmes ? Envers et contre tous je changeai la méthode d’extraction de l’ADN, la méthode de transfert sur membrane flexible, la méthode de marquage radioactif bref… tout ! Après tout, 100 rats étaient sacrifiés chaque fois ! Je me devais de leur rendre hommage et à tout faire pour diminuer le carnage !

Au grand damne de mon directeur. Et pire encore , je cherchais à interpréter mes résultats pour ce qu’ils me démontraient et non pour ce qu’ils auraient dû démontrer. Sherlock Holmes le disait « Élaborer des théories avant d’avoir des données est une erreur capitale.  Ceci nous incite irrémédiablement à modifier les faits pour les ajuster à la théorie plutôt que de développer une théorie pour expliquer les faits. »

Je commençais à comprendre le problème. Mon problème.

Les symptômes ne firent que s’aggraver lors de mon premier emploi en recherche industrielle. Relations conflictuelles avec mon patron. Atteindre les objectifs et avoir des résultats ? Pas de problème. Respecter un budget sans atteindre les objectifs? ÇA,ça ne faisait pas partie de mon schème de référence… surtout si le budget de marketing permettait la dépense. Le principe des vases communicants me semblait tout à fait valide dans ce cas. Apparemment pas pour mon boss !

Deuxième emploi comme agent de recherche en milieu universitaire. Patron dictatorial. Aucune initiative tolérée. Changement rapide requis.

Troisième emploi, même université, patron ouvert et créatif. Aucun problème jusqu’à ce que les subventions disparaissent.

Quatrième emploi, industrie pharmaceutique en 1994. Grosse, très grosse corporation américaine. la conformité n’est pas seulement une obligation , c’est un dogme!! Ouille, mes achats de logiciel pour faire avancer les projets n’ont pas plu au service d’informatique… après tout les logiciels que j’avais proposés et achetés sans permission officielle (mon boss avait approuvé cependant!) était hautement suspect  : Power Point et Windows 95 ! Trop avant-gardiste apparemment.Même en 1998 !

Cinquième emploi, autre compagnie pharmaceutique, mais supporté par un patron qui avait comme philosophie qu’il est préférable de retenir un cheval qui rue que de donner des coups de pied à un autre qui ne veut pas avancer. 

J’étais en effet un cheval fringant qui ruait dans les brancards.

Et mon patron n’a pas retenu le cheval. Nous sommes allés très loin ensemble jusqu’à ce qu’il obtienne une promotion. Les patrons suivants avaient plutôt tendance à respecter le budget, la hiérarchie et le « système »… donc fin de la courbe ascendante.

J’ai alors compris ma maladie.

Je suis une cheville carrée qui essayait de rentrer dans un trou rond.

La cheville carrée et le trou rond

Déçu, mais rempli d’espoir j’ai quitté le monde corporatif et fondé ma compagnie , Aliter Concept. Aliter comme dans « autrement » !

10 ans plus tard j’ai réalisé que ce phénomène de cheville carrée est beaucoup plus répandu que ce que les dirigeants d’entreprise osent admettre. En fait , je suis maintenant convaincu, comme plusieurs penseurs , futurologues et prospectivistes que ces personnes sont importantes, voire essentielles pour les organisations. Ces auteurs leur donnent un nom : les néo-généralistes, les « Gig mind-setter ». Les gestionnaires les appellent plutôt les rebelles et les brasseurs de cage… différentes perspectives. J’ajoute mes anecdotes et mes reflexions à celles de ces penseurs du passé et du présent que vous trouverez en bibliographie (dans le livre à paraître) pour proposer que les structures actuelles ne peuvent continuer à exister et que seules les organisations qui accepteront de changer pourront survivre.

Je vous invite donc à découvrir ma vision des organisations. Une vision basée sur plus de 30 ans d’expérience de travail et d’observation par un biologiste moléculaire qui voit encore dans les interactions des humains en 1986. Une vision qui s’est développée au fil des lectures de plusieurs centaines de livres sur le sujet.

Bienvenue dans l’univers de la biologie organisationnelle !

La biologie organisationnelle est apparue spontanément en 2014 lors d’une discussion avec des collègues. Nous parlions d’un conférencier qui se faisait appellé le physicien du marketing, 

Bin oui, dis-je ..et moi je suis un biologiste organisationnel. 

La conversation cessa et tout le monde me regarda en disant… bin oui. C’est. Bon ça !

Il ne restait qu’à mettre de la chair autour de l’os.

Les premières tentatives pour expliquer le concept à mes clients et prospects furent intéressantes. Tout était clair dans ma tête, mais je peinais à l’expliquer clairement. 

« Un biologiste organisationnel » ? Wow… ça semble intéressant… qu’est-ce que c’est ? Me demandaient-ils.

Et lorsque je tentais de répondre, je me perdais dans les détails.

Je changeai ma tactique et leur demandai plutôt ce qu’eux comprenaient. Et, quelle que soit leur réponse, ils avaient toujours raison ! Plus de variations sur le même thème qui tournait autour de la vie dans les organisations.

Tout ce compliquait quand ils me demandaient ce que je faisais pour aider les organisations… jusqu’à ce que je comprenne que j’avais toujours fait de la biologie organisationnelle !!

Qu’est-ce que la biologie organisationnelle ?

En peu de mots c’est l’étude de la vie dans les organisations.

J’ai tendance à me satisfaire de ceci. Mais on me demande toujours d’expliciter davantage.

En utilisant Chat GPT, plusieurs modalités additionnelles nous sont proposées. Je les reproduis ici (texte entre guillemets) et ajoutant mon grain de sel.

« La biologie organisationnelle, également connue sous le nom de biologie des systèmes ou de biologie intégrative, est une approche scientifique qui vise à comprendre les organismes vivants dans leur ensemble, en étudiant les interactions complexes entre leurs différentes composantes. Elle cherche à expliquer comment les différentes parties d’un organisme interagissent pour former un système fonctionnel et comment ces systèmes évoluent et s’adaptent à leur environnement ».

Ah oui, « expliquer comment ». Plutôt en désaccord avec ceci. En fait mon rôle est surtout d’aider mes clients à comprendre et non d’expliquer. La tendance lourde des organisations se concentrent surtout de comprendre les éléments en détails sans trop se préoccuper des interactions entre eux. La biologie des systèmes complexes nous apprend  à l’inverse qu’il est presque impossible de comprendre un système à moins d’avoir bien compris chacun de ses éléments et surtout d’avoir compris toutes les interactions entre les divers éléments.

Les systèmes complexes, qu’ils soient des écosystèmes forestiers ou marins, qu’ils soient physiologiques comme un corps humain, qu’ils soient financiers comme le commerce international ou qu’ils soient une pandémie virale zoonotique, sont tous perçus par les humains comme des éléments distincts qu’ils faut contrôler alors qu’il faudrait plutôt à apprendre à s’adapter aux variations du systèmes et mettre en place des mécanismes d’observations et de veilles afin de pouvoir réagir de façon novatrice chaque fois.

Mon rôle se limite souvent à faire prendre à mes clients une posture d’humilité face à leur environnement d’organisation et à leur impact individuel sur celui-ci.

« La biologie organisationnelle s’appuie sur des principes issus de diverses disciplines scientifiques telles que la biologie, la chimie, la physique, les mathématiques et l’informatique. Elle met l’accent sur l’étude des réseaux biologiques complexes, tels que les réseaux de régulation génétique, les réseaux métaboliques et les réseaux de signalisation cellulaire ».

Tout à fait ! Approche multidisciplinaire ! J’adore utiliser les métaphores issues de la physique (le chat de Schrodinger est un favori !!), de l’informatique ou de la neurologie pour expliquer la nature des réseaux. Ou encore, servir à mon auditoire une formule mathématique (combien d’interactions en trio sont possibles avec « n » personnes » dans une organisation?)qui les déstabilise (cesser de vouloir contrôler toutes ces interactions é implantant une nouvelle procédure de confidentialité!!)pour leur faire comprendre un concept sur la complexité des interactions dans leurs organisations. Ces métaphores composent la majeure partie des textes que j’écris!  Je passe littéralement par quatre chemins pour arriver à mes conclusions mais je crois que mes histoires vous feront sourire et réfléchir. Toutes ces histoires représentent aussi ma façon de percevoir et de tenter comprendre ce qui m’entoure.

« Cette approche cherche à comprendre comment les propriétés émergentes, telles que le comportement, la fonction et la régulation, émergent des interactions entre les différentes parties d’un organisme. Elle reconnaît l’importance des niveaux d’organisation multiples, allant des molécules et des cellules individuelles aux tissus, organes et organismes complets ».

Merci Chat GPT pour ce paragraphe ! J’adore utiliser des outils qui me font prendre conscience de mon niveau d’ignorance et j’en profite pour le faire avec mes clients également. Rien de mieux qu’une prise de conscience pour réaliser que plus on apprend et plus on se rend compte qu’on ne sait rien ! Encore une leçon d’humilité que bien des gestionnaires acceptent avec réticence.

« Dans l’ensemble, la biologie organisationnelle peut être une approche multidisciplinaire qui combine les connaissances de la biologie, de la psychologie, de la sociologie et de la gestion pour mieux comprendre comment les organisations fonctionnent et peuvent être optimisées. »

Et ceci revient à la mission que je me suis donnée en 2005 quand j’ai décidé de quitter la grande entreprise pour aider les gens qui travaillent dans les organisations. 

Ma mission depuis 2005

« Transformer les organisations, une personne à la fois,

tout le monde ne même temps. »

Ma prétention n’est pas de travailler avec les organisations, mais bien avec les gens qui la composent, une personne à la fois, mais toujours dans un contexte d’intervention de groupe. 

Philippe Carré le disait mieux que moi : on apprend toujours seul, mais jamais sans les autres.

La biologie organisationnelle évolue dans la complexité et, qui dit complexité, dit un vaste nombre d’interactions.

Un autre sage, P. W. Anderson, un physicien, disait aussi : More is different!

En effet…oser imaginer une solution simple à nos défis de gestion est simplement…restons poli…irréaliste

H.L. Mencken le disait beaucoup mieux que moi.

Pour chaque problème complexe,

il existe une réponse claire, simple

et erronée.

La biologie organisationnelle est une approche de réflexion, de conversation, de discussion et de co-création.

Et c’est à ce moment que j’explique à mes clients qu’un biologiste organisationnel est un professionnel qui aide les gens à identifier des problèmes dont ils n’avaient pas connaissance et qui les accompagne pour mettre en place des solutions qui n’existaient pas avant qu’ils la développent en collaboration et en coopération avec leurs collègues et employés.

oh…il faut du courage

de la volonté

et de la curiosité

Courage, Volonté et Curiosité, les trois composantes de ce qu’appelle le leadership latéral.

Are you lateral?

Oui un autre concept…ce ne sera pas le dernier. Mais tout ceci sera pour plus tard.

En attendant je répète l’invitation.

Bienvenue dans la biologie organisationnelle !


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